Préfaces
Ce
cours proposé porte sur l’introduction générale à la biotechnologie végétale,
décrit les méthodes de la culture in vitro et leurs applications. Il s'adresse
donc à tous les étudiants qui font la spécialité de biotechnologie et de phytotechnie.
Au
début de l’agriculture on choisit les graines de façon empirique. Les
techniques classiques d'amélioration des plantes reposent sur le croisement des
espèces et des variétés, suivies de la sélection de génotypes résistants. Ces
méthodes rencontrent des difficultés, telles que les barrières biologiques
d'incompatibilité empêchant la reproduction sexuée entre espèces et individus.
Depuis
une dizaine d’années on pratique une sélection raisonnée. Les biotechnologies
végétales sont des techniques de laboratoire qui permettent l’optimisation et
la diversification des végétaux ou de leurs composants. Ces techniques reposent
principalement sur les cultures in vitro. Les premiers résultats intéressants
de culture de tissus végétaux furent obtenus par Gautheret, Nobecourt et White
en 1938. Elles se font hors sol, en conditions stériles et très contrôlées. Les
biotechnologies végétales ont plus de cinquante ans. Elles font désormais
partie de notre environnement scientifique, quand elles ne sont pas ramenées au
simple rang de technique.
Leur
développement et leur succès sont le résultat d’une longue histoire
expérimentale, mais aussi, pour un large part durant les dernières années la
culture des tissus végétaux s’est développée, offrant un ensemble d’outils
technologiques au service de la production végétale. Ces techniques
(micropropagation) s’utilisent aujourd’hui par exemple pour la propagation par
clonage des meilleurs individus, l’obtention de plantes indemnes de virus et de
maladies, l’amélioration génétique par culture d’anthères et fusion de
protoplastes, ou encore la conservation de ressources phytogénétiques. Ces
techniques offriront pour les générations futures une importante alternative
aux besoins soutenus de production agricole. Lorsque des variétés améliorées de
bon indice sanitaire parviendront effectivement aux producteurs de tous
niveaux, on aura contribué positivement à résoudre les problèmes alimentaires
d’une population en augmentation constante.
I.
Généralité
1.1.
Définitions de la biotechnologie
« Biotechnologie » est un terme relativement
récent, puisqu’il est apparu pour la première fois vers 1960. IL est compose de
bios (« vie » en grec) et de technologie (entré dans la langue française en
1656, au sens d’« étude des outils, machines et matières premières »). Bien que
son étymologie soit assez précise, sa définition est un peu plus vague, en
effet, l’application de la science et de la technologie aux organismes vivants
pour la production du savoir, biens et services, en est une définition large.
Un sens plus restreint du terme « biotechnologie », l’associe aux réalisations
des 60 dernières années comprenant toutes les techniques de culture « in vitro
» ainsi que les différents aspects de la génétique moléculaire, tels que le
clonage de gènes, le séquençage, et aussi la microbiologie, la biochimie, la
biophysique, la bioinformatique…
Aujourd’hui,
les champs de recherches de la génétique, de la génomique et des
biotechnologies concernent aussi bien l’homme que l’animal, le végétale, les
microorganismes ou les écosystèmes. Ainsi, les biotechnologies sont à l’origine
d’avancées décisives dans différents secteurs comme celui de l’agriculture et
l’environnement ou on y trouve la
biotechnologie végétale qui étudie les
plantes, et les cultures de tissus végétaux vu leur importance
dominante en production d’aliments, de matière première et de médicaments.
1.2.
Les progrès de la Biotechnologie
La
biotechnologie au sens large du terme,
est l’utilisation de microorganismes ainsi que des cellules végétales,
animales ou humaines pour la production de certaines substances à l’échelle
agroalimentaire et industrielle. La biotechnologie végétale étudie les plantes
et les cultures de tissus végétaux, vu leur importance en production
d’aliments, de matière première et de médicaments. D’autre part, la culture d’organismes végétaux
unicellulaires pour la production de biomasse ou l’extraction de produits de
haute valeur ajoutée est une pratique qui augmente de jour en jour, à mesure
que se développe la biologie moléculaire. Enfin, les techniques de la culture «
in vitro » et la reproduction de plantes modifiées, via les techniques de génie
génétique, ont déjà été expérimentées avec succès. Ces technologies permettent
de remédier aux carences, d’améliorer les espèces et de mettre en place une
résistance aux fléaux et aux maladies de nombreuses espèces végétales.
1.3.
Division des biotechnologies en fonction
des domaines d’application
Les
biotechnologies peuvent être subdivisées en 5 classes:
1.3.1. Les
biotechnologies blanches
Les
biotechnologies blanches consistent en l’emploi de systèmes biologiques
(bactéries) pour la fabrication, la transformation ou la dégradation de
molécules grâce à des procédés enzymatiques ou de fermentation dans un but
industriel
1.3.2. Les
biotechnologies jaunes
Elles
concernent l'environnement (biodépollution, bioremédiation, phytoremèdiation,
..)
1.3.3. Les
Biotechnologies rouges
Elles
concernent la santé humaine (biomédecine) et animale, la production de
médicaments issus d’organismes vivants ou de leurs composants cellulaires.
C’est dans cette catégorie que les efforts les plus importants ont été
entrepris. On estime qu’en 2010, 80% des nouveaux médicaments seront issus,
directement ou indirectement, des biotechnologies modernes (exemple
d'application: Biotechnologies et médicaments du futur).
1.3.4. Les
biotechnologies bleues
Elles
concernent la vie marine dont la valorisation des matières premières (agarose,
alginates, chitine, chitosane,..)
1.3.5. Les
biotechnologies vertes
Elles
concernent la valorisation des productions agricoles, l'agroalimentaire. Elles
comprennent les techniques de micropropagation et transgénèse végétale ou
animale avec lesquelles on obtient des organismes génétiquement modifiés (OGM).
Les biotechnologies vertes constituent les biotechnologies les plus anciennes.
Les fermentations ont d’abord utilisé des micro-organismes non sélectionnés
pour produire de l’alcool, de l’acide acétique, des fromages, etc.
1.4.
Biotechnologies végétales (Les biotechnologies vertes)
La
biotechnologie végétale est l’intervention humaine sur des végétaux au moyen
d’instruments technologiques afin de produire des réactions permanentes
transmissibles à la descendance et de mettre au point de nouvelles variétés de
plantes en utilisant des cultures « in vitro » pour la multiplication conforme,
ou des techniques moléculaires de génie génétique: séquençage, clonage,
sélections assistée par des marqueurs moléculaires, transgénèse
1.4.1. Outils
de la biotechnologie végétale
Pour atteindre ses objectives, la biotechnologie végétale a
besoin d’outils adéquats pour étudier les végétaux au niveau cellulaire et
moléculaire:
1.4.1.1.
La culture « in vitro »
visant à régénérer une plante entière à partir
de cellules ou de tissus végétaux en milieu nutritif, en s’appuyant sur les
propriétés de la cellule végétale qui sont :la plasticité et la totipotences et
en utilisant des techniques modernes de culture cellulaires à savoir : la
multiplication conforme, culture de méristèmes, culture d’embryons,
l’embryogenèse somatique, culture d’haploïdes, cultures d’organismes
génétiquement modifiés (OGM) …
1.4.1.2.
Les plantes modèles
Arabidopsis
thaliana, le riz, le colza…, sont des plantes modèles dont le génome a été
entièrement séquencé et étudié et qui ont contribué dans l’exploration de
génomes plus complexes et plus vastes de plantes cultivées qui constituent des
obstacles a leur analyse génétique et moléculaire.
1.4.1.3.
Biologie moléculaire et génie génétique
L’ensemble
des outils et des techniques de la biologie moléculaire permet de manière
contrôlée l’étude de la modification des gènes et l’obtention d’organismes
génétiquement modifiés (OGM) par transgénèse, et aussi de leur clonage, leur
séquençage, leur découpage, en s’appuyant sur différents outils : enzymes de
restriction, vecteurs, sondes…
Ainsi
que, l’utilisation des marqueurs moléculaires pour identifier et sélectionner
précocement les plantes qui possèdent des gènes induisant des caractères
souhaités (résistance, qualité,).c’est la sélection assisté par marqueurs (PCR,
microsatellites, ISSR, RADP…).
1.4.1.4.
La bioinformatique
La
bioinformatique propose d’organiser, de
gérer et d’analyser la multitude de données produites par les méthodes de la
génomique. Elle a pour mission de
ü stocker
les données de génomique structurale et fonctionnelle dans de larges bases de
données informatiques.
ü Permettre
à tous les biologistes d’y accéder de façon simple et rapide. A partir des
données de séquençage, la bioinformatique développe des programmes pour
ü Annoter
les gènes: comparer les séquences d’organismes différents entre elles et
prédire la fonction des gènes.
ü Prédire
des éléments: de régulation de l’expression des gènes et de localisation dans
la cellule des protéines codées par les gènes.
1.5.
Objectifs et intérêts de la
biotechnologie végétale
1.5.1. Participer
à l’avancée des connaissances
Les
progrès spectaculaires de la biologie moléculaire, de la bioinformatique et de
diverses technologies comme le séquençage et l’analyse d’images, ont ouvert un
nouveau champ d’investigation du vivant qu’on appelle la génomique qui permet désormais
de dresser un catalogue de tous les gènes d’un organisme puis de comprendre
leurs fonctions, leur régulations et leurs interactions. Ce programme porte sur
le génome de plusieurs plantes : blé, mais, colza,…ou il s’intéresse aux gènes
impliqués dans la résistance aux maladies, des caractères agronomiques et les
qualités de la récolte.
1.5.2. Augmenter
la biodiversité
L'intégration
de nouveaux caractères peut se faire, soit par des méthodes de sélection
conventionnelle intégrant les nouvelles connaissances sur le génome, soit par
transgénèse (OGM) lorsque la diversité génétique d'une espèce n'offre pas de
possibilités d’amélioration. Quelle que soit la voie choisie, la génomique
participe donc à l’enrichissement de la biodiversité
1.5.3. Contribuer
à un meilleur environnement
Exemple : les programmes de résistance du maïs
à la sécheresse. L’eau est une ressource limitée dont l’agriculture est la
première utilisatrice, devant l’industrie et la consommation humaine. Pour la
culture du maïs, qui exprime des besoins en eau importants, une façon de mieux
gérer l’eau consiste donc à créer des variétés qui tolèrent une disponibilité
réduite en eau, sans que leurs capacités de production n’en soient affectées,
cela grâce à l’introduction par transgénèse d’un gène de sorgho, céréale.
1.5.4. Améliorer
la qualité sanitaire des aliments
Exemple : les blés et maïs résistants aux
champignons parasites : Toutes les plantes, sauvages ou cultivées, sont
sensibles à des champignons parasites qui les attaquent aux différents stades
de leur développement, mais aussi après la récolte. Les pertes induites par
l’action de ces derniers sont
considérables. Des recherches en biotechnologie végétale permettront
d’améliorer la résistance du blé et du maïs à certains champignons parasites.
1.6.
La place des biotechnologies dans
l’amélioration des plantes
Les
biotechnologies peuvent intervenir à différents niveaux dans un programme de
sélection :
1.6.1. Exploiter
la diversité.
Il
s'agit, pour le sélectionneur, d'accroître les possibilités de choix des
parents à l'origine du croisement de départ. Les techniques de biologie
cellulaire, sauvetage d'embryons et fusion de protoplastes, parce qu'elles
permettent de s'affranchir des contraintes de la reproduction sexuée,
constituent une aide largement utilisée, tout comme la transgénèse.
1.6.2. Connaître
le génome
Les techniques de marquage moléculaire
permettent de rendre plus précises et plus rapides les opérations classiques de
sélection. Elles interviennent à chaque étape du cycle de sélection. Les outils
mis en place sont les marqueurs moléculaires qui permettent l'analyse des
individus, la construction de cartes génétiques pour localiser les gènes sur
les chromosomes, la sélection assistée par marqueurs pour suivre les gènes au
cours des générations. La recherche des gènes intervenants peut ainsi être
facilitée et leur isolement est réalisé grâce à la génomique.
1.6.3. Diminuer
la durée de création
Les
gains de temps peuvent être réalisés de deux façons : soit en fixant plus
rapidement le matériel génétique, pour l'obtention de lignées, soit en
augmentant le nombre de générations par an. Les techniques mises en jeu font
alors appel à la culture in vitro de gamètes ou haplodiploïdisation et à la
culture d'embryons immatures.
1.7.
Aspects historiques du développement des
cultures in vitro
Ø 1934
: Identification de l’acide indole acétique (IAA) par Kogl 1934 : Gautheret
échoue dans la culture de cambium de ligneux
Ø 1935
: White réussit la culture de racines de tomates
Ø 1939
: Gautheret cultive du cambium de carotte et de tabac (utilisation d’auxine)
1941 : le lait de coco dans la composition du milieu de culture in vitro de
Datura
Ø 1943-1950
: Travaux sur l’agent bactérien de la galle du collet 1949 : Culture in vitro
de fruits (Nitsch)
Ø 1951
: Culture d’ovaires (Nitsch)
Ø 1951
: Contrôle chimique de la croissance et de la formation d’organes (Skoog)
Ø 1952
: Microbouturage
Ø 1952
: Culture d’embryons de Dahlia virosés
Ø 1953:
Cal haploïde à partir de pollen
Ø 1954
: Cal à partir d’une cellule unique (Muir)
Ø 1955
: Identification de la kinétine (une cytokinine)
Ø 1956
: brevet sur la production de substances à partir de cultures de tissus
végétaux (Phaseolus) par Routien JB et Nickell LG
Ø 1956
: premières cultures de suspensions cellulaires
Ø 1957:
Skoog et Miller établissent le cadre théorique de l’influence de la balance
hormonale auxine/cytokinine sur l’organogenèse
Ø 1957:
culture d’anthères excisées
Ø 1958:
cultures d’ovules de pavot
Ø 1958
: embryogenèse somatique
Ø 1960
: préparation de protoplastes par digestion enzymatique
Ø 1964
: génération artificielle d’individus haploïdes de Datura
Ø 1965
: Vasil et Hildebrandt régénèrent un plant de tabac à partir d’une cellule
isolée
Ø 1970
: Fusion de protoplastes
Ø 1977
: Réacteur de 20 000 Litre pour la
culture de tabac
Ø 1978
: production à l’échelle industrielle de shikonine rendue possible par la
sélection de lignées cellulaires fortement productrices (Tabata M)
Ø 1979
: Utilisation de l’inclusion de cellules dans des billes d’alginates pour la
biotransformation 1982 : transformation
de protoplastes par de l’ADN nu
Ø 1983
: Mitsui Petrochemicals produit de la shikonine avec des réacteurs de cellules
Lithospermum 1984 : Transformation de
protoplastes de tabac et régénération d’un plant transformé (Paszowsky) 1984 :
Agrotransformation de disques folliaires (Horsch)
Ø 1984
: Electroporation
Ø 1987
: Canon à particules
Ø 1991
: cryopreservation de lignées cellulaires de Catharantus
Ø 1994
: Premier OGM végétal commercialisé : La variété de tomates Flavr Savr inventée et commercialisée par la société
CALGENE (échec commercial)
Ø 1996
: Premier maïs transgénique commercialisé aux USA
II.
Fondements de la culture in vitro et
multiplications des plantes
2.1.
Multiplication végétative et
reproduction sexuée
Le
remplacement des individus éliminés par la mort, caractéristique fondamentale
des êtres vivants, se réalise selon deux modalités principales qui s’opposent
par de nombreuses caractéristiques : la reproduction sexuée et la
multiplication végétative.
Il
n’y a pas de reproduction sexuée sans méiose (aboutissant à la production de
gamètes à n chromosomes) tandis que la multiplication végétative fait seulement
intervenir la mitose. La multiplication végétative se caractérise par la
propagation d’individus génétiquement identiques à la plante-mère, aboutissant
ainsi à la constitution de clones homogènes.
La
reproduction sexuée est caractérisée par la fécondation. C’est une véritable «
reproduction », production d’un zygote à 2n chromosomes par fusion de deux
gamètes qui aboutit à la formation d’individus réellement nouveaux, puisque
leur constitution génotypique est différente de celle des parents (sauf dans le
cas ou ceux-ci appartiendraient à une « lignée pure »).
La
reproduction sexuée permet les recombinaisons de gènes. C’est donc une source
de variabilité, facilitant l’adaptation et la survie de l’espèce lorsque
changent les conditions de l’environnement. A long terme, c’est certainement le
mode de propagation le plus efficace pour assurer la survie éventuellement
l’évolution de l’espèce. Elle demeure pour le sélectionneur l’outil essentiel.
A
l’inverse de la reproduction sexuée, la multiplication végétative assure la
stabilité puisque tous les individus d’un clone sont identique, dans la mesure
toutefois ou ne surviennent ni mutation ni « variation ».
2.2.
Multiplication végétative traditionnelle
La
méthode la plus simple, la division de souches, implique en effet la formation
par la plante-mère, avant la séparation, d’un assez grand nombre de bourgeons
axillaires ou adventifs déjà enracinés ou apte à la rhizogenèse. Elle exploite
donc une préadaptation à la multiplication végétative spontanée.
2.2.1. Le
marcottage
Consiste
à induire la rhizogenèse avant la séparation. Remarquons que certaines espèces
(comme le Framboisier) se marcottent spontanément et se bouturent mal, ce qui suggère le rôle
essentiel dans la rhizogenèse des inter-relations entre les organes de
plante-mère.
2.2.2. Le
bouturage
Implique
à l’inverse la séparation de la bouture avant son enracinement. Lorsque la
bouture possède un ou plusieurs bourgeons le principal problème d’organogenèse
posé par le bouturage est la rhizogenèse. Lorsqu’il s’agit d’un fragment de
tige ou de racine dépourvu de bourgeons, la bouture doit produire à la fois des
méristèmes de tige et de racine, l’ordre d’apparition des deux sortes de
méristèmes variant avec l’espèce.
2.2.3. Le
greffage
Est
un cas très particulier de multiplication végétative. Il permet en effet de multiplier
le clone auquel appartiennent les greffons. Mais il existe un support végétal,
le porte-greffe, provenant lui-même de semis, généralement.
2.3.
La méthode « In vitro »
Une
plante est un organisme multicellulaire résultant de divisions du zygote initial
par mitoses successives. Chaque cellule de la plante contient donc la même
information génétique. Cependant en examinant les différents niveaux
d’organisation de la plante, on observe une grande diversité de formes
cellulaires, celles-ci se structurant sous
forme de tissus et d’organe pour développer des fonctions spécifiques
dans un individu complet. La spécialisation est le point de départ d’un système
complexe et interdépendant entre ses unités constitutives. Ainsi les cellules
des racines sont spécialisées dans l’absorption et le transport de substances
nutritives tandis que les cellules de feuilles ont la forme, la structure de la
fonction nécessaire pour transformer l’énergie lumineuse en énergie chimique.
Si la communication entre les différentes parties du système est interrompue,
de fortes altérations se produisent dans le fonctionnement de l’ensemble.
C’est
probablement pour cela qu’une cellule ou un morceau de tissu séparé de la
plante ne seront pas capable de croitre et de se développer dans un milieu à
composition chimique relativement simple alors que la plante complète n’aura
pas de problème pour s’y développer. Pour la culture de matériel végétal séparé
de la plante il faut ajouter au milieu synthétique toutes les substances
nutritives, vitamines et régulateurs de croissance que les cellules, les tissus
et les organes auraient reçue à travers les racines ou les organes
photosynthétiques de la plante.
2.3.1. Principes
fondamentaux
Lorsqu’on
cultive des cellules, tissus ou organe in vitro, il faut prendre en compte
quelques principes fondamentaux. Il faut tout d’abord choisir le matériel que
l’on veut cultiver puis le prélever de la plante. On doit ensuite éliminer les
microorganismes qui contaminent le matériel végétal. Enfin il faut fournir aux
cellules, tissus et organes des conditions ambiantes appropriées en leur
procurant un milieu de culture synthétique et des conditions d’incubation
adéquates. L’asepsie et l’inoculation du matériel végétal doivent être
réalisées en milieu ambiant stérile.
Les
cultures in vitro peuvent être initiées à partir de presque toutes les parties
de la plante. Cependant la source originale du matériel végétal peut déterminer
le succès de la mise en place de la culture. Il est conseillé de comparer
systématiquement les différentes sources de cellules, de tissus ou d’organes
avant d’en choisir une. Généralement on recommande d’utiliser des plantes
saines et vigoureuses comme source d’explants.
Le
type de plante est déterminant pour le succès de la culture in vitro ; par
exemple les tissus par le type de matériel végétal employé on peut classer les
cultures in vitro en :
ü culture
d’organe ;
ü culture
de tissus ;
ü culture
de cellules en suspension ;
ü culture
de protoplastes.
L’appellation générale « culture de tissus »
est utilisée pour faire référence à toutes ces modalités.
2.3.2. Bases
biologiques de la culture in vitro
2.3.2.1.
La multiplication
La
croissance des plantes se fait en plusieurs étapes qui permettent le
développement d'une graine en une plante capable de se reproduire. Pour cela,
il faut d'abord une prolifération cellulaire par mitose qui se réalise au
niveau de tissus spécialisés : les méristèmes (= zone de prolifération
cellulaire). Ils sont situés :
ü méristèmes
primaires: apex des racines, extrémité des tiges, bourgeons apicaux,
ü méristèmes
secondaires: dans les tissus plus anciens responsables de l'épaississement des
tissus. Une fois la croissance réalisée, il y a différenciation de cellules qui
serviront les unes à la circulation des sèves (phloème, xylème), les autres à
la photosynthèse (feuilles), à la nutrition (racines). C'est donc un phénomène
complexe qui dépend de facteurs externes et internes.
2.3.2.2.
Les substances de croissance (Les phytohormones)
Le
développement végétal est régulé par des facteurs de croissance qui, par leur
action à distance du lieu de production sont appelés PHYTOHORMONES. Ces
substances peuvent agir en synergie ou en antagonisme.
Les
hormones végétales ou phytohormones sont impliquées à tous les stades de la vie
d'une plante depuis la pollinisation provoquant la fécondation et le
développement de l'embryon zygotique, tout au long du développement de celui-ci
en plante adulte jusqu'au contrôle de la floraison, de la fructification et de
la sénescence. Les mêmes phytohormones ne font pas que diriger les processus de
croissance et de développement: elles sont pour cela obligatoirement impliquées
dans des mécanismes spécifiques de division, d'élongation et de différenciation
cellulaire, mais aussi nécessairement dans les métabolismes primaire et
secondaire.
Les
phytohormones sont d'une importance capitale dans le contrôle des cultures in
vitro de cellules, tissus, organes ou plantes entières, c'est-à-dire dans
l'orientation qu'on veut leur donner : maintien en vie, croissance, initiation
d'une organogenèse spécifique (production d'organes tels que pousses feuillées,
racines, embryons somatiques*), multiplication d'organes ou de plantules, etc…
Elles sont également largement utilisées pour le contrôle de la production de
métabolites secondaires d'intérêts divers.
2.3.2.3.
La totipotence cellulaire
Une
cellule est dite totipotente quand elle a la capacité de se différencier en
n'importe quelle cellule spécialisée et de se structurer en formant un
organisme pluricellulaire. En effet, les cellules végétales, prélevées sur un
organe quelconque d'une plante, possèdent la capacité de régénérer un individu
complet identique à la plante mère. C'est la totipotence des cellules
végétales. Elle repose sur l'aptitude à la dédifférenciation : les cellules
peuvent redevenir des cellules simples, non spécialisées et se différencier
ensuite pour donner à nouveau les différents types de cellules spécialisées.
Grâce à la totipotence, l’arbre et d'autres plantes, mis en milieu stérile,
sont techniquement immortels.
La
totipotence débute par la formation de cals : amas de cellules indifférenciées
qui permet de régénérer un individu entier génétiquement identique à la plante
mère. Pour cela, il faut que les explants soient placés dans des conditions
appropriées.
III.
Phénomènes physiologiques liés à la
réalisation de culture in vitro
La
culture in vitro ou culture de tissus se définit comme l'ensemble des
techniques qui permettent de faire croître en milieu artificiel (en éprouvette)
des cellules spécialisés, ce qui représente une grande variété de tissus.
Par
opposition à la culture en terre ou dans des substrats imbibés de solution
nutritive, la culture in vitro se fait en laboratoire à l’abri de toute
contamination cryptogamique, dans des récipients qui peuvent être tant des
tubes à essai que des bocaux à conserve. Ces récipients sont placés dans un
endroit où l'intensité de la lumière, la durée de l'illumination, la
température et l'hygrométrie sont constamment contrôlées.
Afin
de mieux comprendre la culture in vitro des tissus végétaux, il faut posséder
quelques notions sur la reproduction des végétaux. La reproduction chez les
végétaux peut se faire de 2 manières :
ü la
multiplication sexuée, à l'aide d'échanges génétiques : gamètes mâles X gamètes
femelles = graine
ü la
multiplication asexuée comme par bouturage où un seul petit fragment de tige ou
de feuille peut redonner après développement, une plante entière. C'est
précisément ce type de multiplication végétative qui est mis en pratique dans
la culture in vitro de manière accéléré à l'abri de toutes contaminations par
des bactéries ou par des champignons.
La
culture in vitro végétale est possible parce que les cellules végétales
présentent la potentialité de reproduire des individus complets identiques à la
plante sur laquelle les cellules ont été prélevées. Cette propriété a été
baptisée «totipotence cellulaire». La cellule animale présente aussi cette
capacité mais à un degré moindre. Toutes les cellules d'un même organisme
renferment dans leur noyau exactement les mêmes chromosomes, l’information
génétique pour reconstruire l’organisme entier. Ce message héréditaire
représente toutes les potentialités de l'individu. Cependant, à un moment donné
de la vie embryonnaire, un choix va se faire, dans un groupe de cellules
données, destiné à former un organe ayant une forme et une fonction précise.
Une grande partie du message héréditaire va être mise en sommeil, dans un autre
groupe, destiné à une autre fonction, c'est une autre partie du message qui
sera occultée.
Le
développement à partir d'une cellule simple va se faire par de nombreuses
divisions cellulaires (mitose) et par le blocage ou le déblocage de certains
gènes, les cellules orienteront leur développement vers une voie particulière
qui formera soit un tissu, soit un organe ou autres éléments nécessaires à la
future plante.
Ce
sont des inhibitions sélectives qui provoquent la différenciation entre les
cellules et leur spécialisation. Toutes les cellules contiennent en puissance
la totalité de l'organisme, mais elles n'en expriment qu'une partie. Cependant,
contrairement aux cellules humaines ou animales, certaines cellules végétales
ont le don de se déspécialiser et de redevenir capables d'engendrer un
organisme entier. C'est précisément cette faculté que l'on exploite dans la
propagation in vitro de plusieurs plantes. Les cellules végétales appartiennent
à des tissus très spécialisés qui possèdent la possibilité de se déspécialiser,
formation d'un CAL, et redevenir capables d'engendrer une plante entière en
recommençant tout le processus de spécialisation (blocage et déblocage).
Afin
de réaliser la culture in vitro de tissus végétaux, il est important de
respecter les étapes de mêmes que les différentes conditions nécessaires, le
choix de l’explant et le milieu de
culture.
3.1.
L'explant
Un « explant » est le matériel végétal de base
qui servira à produire des clones végétaux à partir d'une « plante-mère » ou
éventuellement secondairement des greffons.
Ce sont des parties d'organes ou un organe entier, tissus, pièces florales,
graines ou embryons, bourgeons ou apex ou méristèmes, cellules somatiques ou
sexuelles, protoplastes.
En
d’autre termes, l’’explant est une petite partie ou fragment du plante-mère,
qui est mis en culture dans l’éprouvette. L'état sanitaire de cette plante
conditionne la nature de l'explant.
ü Si
le plant-mère est malade, virosée, alors il faudra prélever un explant
constitué de cellules méristématiques. Ce type d'explant est appelé
indifférencier.
ü Si
le plant-mère est en santé, alors d'autres types d'explant pourront être
prélevés, c’est explants sont appelés différenciés.
Cependant,
il est important de noter que d'autres facteurs vont conditionner les réactions
de l'explant, l'âge ou le stade physiologique du plant-mère, la structure, la
taille et l'emplacement de l'explant lui-même. En effet, des explants
différents prélevés sur une même plante donnent des résultats différents sur un
milieu identique.
L’explant
peut être prélevé sur n'importe quelle partie du plant-mère à condition de
renfermer des tissus vivants et de tenir compte de l’état du plant. Il y a
plusieurs sortes d'explants :
ü Les
explants indifférenciés sont prélevés à l’apex de tige, de racine, de bourgeons,
de nœuds,
ü Les
explants différenciés sont prélevés sur la tige, la feuille, la racine. Ces
explants sont des structures constituées de cellules très spécialisées qui
devront se déspécialiser avant de pouvoir régénérer la plante entière.
3.2.
Le milieu de culture
Le milieu de culture est important pour la
croissance. Il est le plus souvent une solution aqueuse rendue semi-solide ou
moyen de gélose (agar). Remplaçant le sol et suppléant la plante, il doit
contenir différents éléments. Très généralement il est composé d’une base
comprenant des sucres (énergie), des éléments minéraux divers, des régulateurs
de croissance, des vitamines, des composés organiques (acides aminés,
polypeptides, …).
La
concentration de ces composés peut varier d'une espèce à l'autre, mais ces
variations n'ont qu'une incidence faible sur les réactions des cellules. Les
facteurs essentiels sont les régulateurs de croissance qui stimuleront la
multiplication cellulaire et orienteront la morphogenèse.
Dans
le milieu de culture, on retrouve des substances qui sont :
ü soit
endogènes, c’est-à-dire qu’elles sont produits par la plante ;
ü soit
exogènes, c’est-à-dire des substances de synthèse ou artificiel mais dont
l'effet est similaire.
3.3.
Les principales substances (régulateur
de croissance)
Utilisées
pour la culture in vitro sont les auxines, les cytokinines et les
gibbérellines. Leurs effets varient avec les concentrations utilisées et le
dosage, à doses élevés, ils peuvent se montrer inhibiteurs ou toxiques. (Figure)
Dans
la famille des auxines, on retrouve l’acide indolyocétique (AIA) et les
substances de synthèse à action analogue comme l'acide naphtylacétique (ANA),
l'acide indolybutyrique (AIB) ou l'acide 2,4 dichlorophénoxyacétique (2,4D).
Ces substances possèdent de nombreuses propriétés.
ü Activent
la multiplication cellulaire (mitose) ;
ü Amènent
la formation de racines (rhizogénèse) ;
ü Stimulent
le métabolisme.
Dans
la famille des cytokinines, certaines sont des composés endogènes comme la
zéatine et l'isopentényladénine (IPA), ou de synthèse comme la benzyladénine
(BA) ou la kinétine.
ü Agissent
en synergie avec les auxines avec un effet stimulant sur le métabolisme et sur
la division cellulaire. Si de fortes concentrations de cytokinines sont
combinées à des concentrations plus faibles d'auxines, les cytokinines ;
ü Agissent
en synergie avec les auxines ;
ü Activent
la multiplication cellulaire (mitose) avec la formation d'un cal.
Dans
la famille des Gibbérellines on retrouve que des substances endogènes. La plus
utilisée est l'acide gibbérellique (GA3). Les gibbérellines seront utiles dans
les cas ou seule la croissance est souhaitée.
ü Stimulent
l'élongation cellulaire et la multiplication cellulaire ;
ü Elles
peuvent rendre les cellules plus sensibles à l'action des auxines.
Comportements
des deux grands types d'explants dans le milieu de culture .
Pour
les explants indifférenciés, lorsqu’ils sont disposés sur le milieu approprié,
on observe rapidement une cicatrisation de la blessure. Il se produit alors la
différenciation ou la spécialisation. Par la suite, plusieurs modalités sont
possibles :
ü la
plus simple, (œillet ou chrysanthème) un seul milieu contenant une auxine et
une gibbérelline suffira pour assurer la croissance de la jeune plante jusqu'au
stade d'acclimatation. Dans ce cas, l’auxine et la gibbérelline assurent la
croissance de la jeune tige qui émettra ensuite des racines.
ü la
plus complexe, (rosier ou pommier) une succession de milieux est nécessaire
pour assurer les différentes étapes de la morphogenèse.
Pour
les explants différenciés, ils doivent effectuer un retour à l'état
méristématique. Après le repiquage on observe la formation du tissu cicatriciel
(le cal), qui procédé la multiplication cellulaire. Il se produit la dédifférenciation
ou la déspécialisation qui sera suivit d'une différenciation ou d'une
spécialisation. Si cette phase se réalise, plusieurs voies sont possibles selon
les espèces.
ü la
première est la voie de la callogenèse dans laquelle les cellules se multiplient
activement, forment un massif globuleux et sont plus ou moins fortement liés.
Ce stade qui constitue la première étape du retour peut être le seul atteint,
ensuite, quel que soit le milieu, il n'est pas possible d'obtenir de
néoformations de bourgeons. Quelquefois cette phase est un préalable à
l'organogenèse.
ü la
seconde voie qui parcourt toutes les étapes et conduit à l’état méristématique
soit à partir du cal ou de certaines cellules épidermiques.
ü la
troisième voie est celle qui conduit à la formation d'embryons somatiques (les
clones). Elle peut se produire après la formation d'un cal ou bien directement
à partir de quelques cellules ou de cellules isolés. Les embryons somatiques
mis en culture sur un milieu de croissance redonnent une plantule identique au
pied-mère.
Dans
ce type d'explant, il faut noter que le comportement est conditionné par
d'autres facteurs comme l'âge du plant-mère, les dimensions de l'explant, la
manière de placer l'explant dans le milieu de culture, l'exposition du
plant-mère à la lumière, …
IV.
Besoins nutritifs et environnementaux
des tissus et cellule cultivés en conditions aseptiques
Les
techniques de culture in vitro cherchent à contrôler les facteurs de l’environnement
(température, lumière, composition du milieu…) du fragment de plante mis en
culture afin de l’orienter vers un programme d’évolution déterminé.
Premier élément :
toutes les cellules du végétal n’ont pas les mêmes potentialités au cours du
développement. Certaines se spécialisent et se différencient et perdent leur
possibilité de se diviser. D’autres forment des plages de cellules
indifférenciées qui forment les méristèmes et qui se divisent activement. Ce
sont des zones à l’origine de la croissance (en largeur ou en longueur) des
plantes.
Deuxième élément :
des régulateurs de croissance ont été identifiés. Ils affectent la vitesse de
croissance des cellules et leur différenciation, et sont impliqués dans les
corrélations entre organes. La découverte de ces substances (auxines,
gibbérellines, cytoquinines, acide abscissique, éthylène, oligosaccharines) a
permis le développement des techniques de culture in vitro.
D’autres
facteurs interviennent et notamment le choix de l’explant, dont dépend la totipotence
des cellules prélevées. Ces mécanismes de « vieillissement » sont dus à des
modifications de la structure des méristèmes. Pour donner un exemple on peut
citer l’aptitude au bouturage qui décroît lorsque l’âge des pieds-mères
augmente. Mais la perte liée à l’âge ne se retrouve pas de façon égale au
niveau des différentes parties de la plante, la partie racinaire de la plante
constituant souvent le pôle de juvénilité de la plante. Idem pour la période de
l’année dans laquelle on se situe : réapparition d’un fonctionnement de type
juvénile au début de chaque poussée annuelle, ou même de chaque réitération. Ou
encore « retour en arrière » lors de la floraison : c’est la régénération plus
ou moins complète du potentiel morphogénétique initial, et celle-ci précède la
différenciation des organes floraux. On pourra donc intervenir sur la qualité
de l’explant : en fonction de l’âge du pied-mère, en fonction de l’époque de
prélèvement, en fonction de sa localisation sur le pied-mère, en fonction aussi
de sa taille et de sa nature.
4.1.
Les sels minéraux
Les
besoins nutritifs des plantes en culture in vitro concernent d’abord les sels
minéraux. Le praticien doit avant toute chose recréer pour la plante un milieu
de vie comparable au sol dont elle sera maintenant dépourvue. Tous les éléments
essentiels à sa croissance doivent donc être incorporés au milieu sans quoi une
carence minérale peut survenir. De plus, le choix des différents sels devra
respecter un équilibre ionique afin de favoriser une croissance harmonieuse
sans créer d’inhibition. Les besoins des cultures de tissus en éléments
minéraux ont été étudiés par différents auteurs et le fruit de leurs recherches
a donné lieu à différentes compositions minérales toujours utilisées
aujourd’hui. Ces formulations portent souvent le nom de leurs auteurs tels que
GAMBORG (Canada), GAUTHERET (France), HELLER (France), MURASHIGE et SKOOG
(Etats-Unis), WHITE (Etats-Unis), MOREL (France), etc. La composition du milieu de culture Murashige
et Skoog est sans doute la plus utilisée car elle convient à un très grand
nombre de plantes de familles botaniques différentes. Ce milieu est très riche
en sels minéraux et il convient souvent de le diluer de moitié ou plus afin
d’éviter des effets osmotiques inhibiteurs, particulièrement chez les espèces à
croissance très lente.
4.1.1. Milieu
de Murashige et Skoog (Tableau 1)
Le
milieu de Murashige et Skoog (ou Milieu MS ou MSO) est un milieu de culture
utilisé dans les laboratoires debiologie végétale pour la culture de cellules
ou de tissus de plantes. Le milieu MS a
été mis au point par les physiologistes végétalistes Toshio Murashige et Folke
K Skoog alors que Murashige effectuait des recherches pour trouver un nouveau
régulateur de croissance chez le tabac.
Tableau
1 : Milieu MS (Murashige et Skoog) 1962
Constituant |
Solution
mère (mg par litre) |
Volume
à ajouter (ml par litre) |
Concentration
finale (mg par litre) |
Macro-éléments 20X |
|
50 ml |
|
NH4NO3 |
33 000 |
|
1 650 |
KNO3 |
38 000 |
|
1 900 |
CaCl2-2 H2O |
8 800 |
|
440 |
MgSO4-7 H2O |
7 400 |
|
370 |
KH2PO4 |
3 400 |
|
170 |
Micro-éléments 100X |
|
10 ml |
|
MnSO4- H2O |
2 230 |
|
22.3 |
ZnSO4-7 H2O |
860 |
|
8.6 |
H3BO3 |
620 |
|
6.2 |
KI |
83 |
|
0.83 |
Na2MoO4 -2 H2O |
25 |
|
0.25 |
CuSO4 -5 H2O |
2.5 |
|
0.025 |
CoCl2 -6 H2O |
2.5 |
|
0.025 |
Fer 100 X |
|
10 ml |
|
Na2EDTA |
3 730 |
|
37.3 |
FeSO4-7 H2O |
2 780 |
|
27.8 |
Acides
aminée et vitamines 10 X |
|
10 ml
|
|
Glycine
|
20 mg pour 100 L |
|
2.0 |
Ac.
Nicotinique |
5 mg pour 100 L .1 |
|
0.5 |
Pyridoxine
– HCl |
5 mg pour 100 L |
|
0.5 |
Thiamine
– HCl |
1 mg pour 100 L |
|
0.1 |
Sucres |
|
|
|
Myo-inositol
|
|
|
100 |
Sucrose |
|
|
30 000 |
Agar |
|
|
10 000 |
Les vitamines
Les
vitamines sont des substances organiques reconnues pour stimuler la croissance.
Elles sont particulièrement utiles en micropropagation lorsqu’un fragment
seulement de la plante est utilisé pour générer la culture de plantes entières.
On comprendra que dans ces circonstances, la synthèse endogène (par le tissu
végétal lui-même) de vitamines risque d’être insuffisante et que le milieu
devra y suppléer en conséquence. Les vitamines les plus fréquemment utilisées
sont la thiamine HCL, la pyridoxine, la biotine, le pantothénate de calcium et
le myo-inositol (le myo-inositol est parfois considéré comme un sucre). Les
concentrations sont souvent faibles et il sera alors nécessaire de fabriquer
des solutions-mères. La conservation de ces solutions-mères pourra se faire au
congélateur en contenants de plastique ou distribuées dans des cubes à glaçon
par petits volumes (exemple 10 ml), puis démoulés une fois gelés et rangés dans
des sacs à congélation. Une fois la solution sortie et décongelée, elle devra
être utilisée dans les 2 à 4 semaines qui suivent.
4.2.
Les régulateurs de croissance
On
les appelle aussi « phytohormones » ou « hormones végétales », mais considérant
qu’il s’agit variablement de produits de synthèse ou de produits synthétiques,
il est préférable d’utiliser le terme régulateur de croissance. Ces substances
sont utilisées à des doses très faibles (0.01mg/l à 10 mg/l) et nécessitent le
plus souvent d’être pesées sur une balance de précision à 0.0001g. Il est
toutefois possible de fabriquer des solutions-mères à partir de masses
s’élevant à 100 mg et d’opérer par la suite une série de dilutions. Les trois
principaux groupes de régulateurs de croissance d’usage fréquent sont les
AUXINES, les CYTOKININES et les GIBBERELLINES.
4.3.
L’environnement
4.3.1. La
lumière
Besoin
de lumière Chez les plantes cultivées in vitro, la photosynthèse n'est pas une
activité nécessaire puisque l'énergie est fournie par les glucides du milieu.
Cependant, même réduite la photosynthèse persiste dans les tissus. De plus la
lumière est indispensable au déclenchement et au bon déroulement de certains
processus morphogénétiques : nécessité de jours longs pour obtenir des boutons
floraux par ex. La puissance lumineuse à fournir dépend de la durée de
l'éclairement et de la qualité spectrale de la lumière reçue par la culture. On
exprime l'intensité lumineuse en W.m-2, intensité mesurée au niveau de la
culture. On obtient généralement 100 à 150 W.m-2 pour des tubes fluorescents
placés à 20cm au-dessus des récipients de culture.
4.3.2. Rôle
de la température
La
température est généralement régulée à 20/25°C en continu. Il ne faut pas
négliger que la température dans les flacons de cultures peut être supérieure
de 2 à 4°C à la température de la pièce à cause de l'éclairage.
4.3.3. Hygrométrie
Elle
doit atteindre les 100% d'humidité relative dans les flacons. Cependant, il
faut veiller à ne pas noyer les explants par un excès de condensation à la
surface du milieu.
4.3.4. Stérilité
Le
propre de la culture végétale est qu'il s'écoule un laps de temps important
entre les repiquages (jusqu'à 3 mois). Comme les milieux sont riches et les
conditions de cultures chaudes et humides, toutes les conditions d'un
développement bactérien ou fongique sont réunies. Les causes d'infection sont
nombreuses. Il faut donc manipuler dans des conditions d'asepsie rigoureuses :
- matériels passés à l'alcool ou flambés, - désinfection des plantes à la Javel
puis rinçage à l'eau distillée avant l'extraction de l'explant.
V.
Technologie de la culture in vitro
5.1.
Les étapes et les techniques de la
culture in vitro
Les
cultures in vitro de plantes sont des cultures d'explants de plantes, sur un
milieu nutritif artificiel, en conditions stériles, dans un environnement
contrôlé et dans un espace réduit. C'est donc, une méthode pour maintenir et
cultiver indéfiniment des plantes ou des cellules sur des milieux nutritifs
artificiels. Les explants peuvent être des parties d'organes ou des organes
entiers, (tige, feuille, racine, fleurs, etc.), des tissus, des pièces
florales, des graines ou des embryons, des bourgeons ou des apex ou des
méristèmes, des cellules somatiques ou sexuelles, des cellules végétales
débarrassées de la paroi ou protoplastes. L'explant est choisi en fonction de
la technique utilisée, de l'objectif visé, mais aussi de l'espèce travaillée.
Les
techniques de culture in vitro, outre l’aspect technologique, doivent permettre
de pallier un certain nombre de difficultés :
ü maintenir
l’explant en vie et en activité ;
ü permettre
à cet explant d’entrer normalement en croissance si il est déjà une structure
organisée (apex, méristème, bourgeon) ;
ü induire
chez des cellules différenciées (fragment de feuilles, de racines, de tiges, de
pétioles, etc.) un processus de dédifférenciation.
La composition du milieu de culture est
l’élément déterminant de la réussite de la multiplication végétative in vitro.
Les différents éléments composant un milieu de culture idéal sont les suivants
: eau, sels minéraux (macroéléments et micro éléments), fer chélaté, vitamines
(généralement du groupe B), phytohormones (ou régulateurs de croissance), la
source carbonée (généralement du saccharose), et l’agent gélifiant pour les
milieux solides; le milieu le plus utilisé dans le monde actuellement est celui
de Murashige et Skoog baptisé milieu MS. Le milieu synthétique sera renouvelé
toutes les 4 à 5 semaines pour une croissance optimale des vitroplants. Les
conditions stériles ou d'asepsie sont obtenues par un ensemble d’opérations qui
permettent de protéger l’explant à multiplier et son milieu contre toute
contamination microbienne.
Les explants sont désinfectés, les milieux et
les récipients stérilisés à l'autoclave et les opérations de mise en culture se
font sous hotte à flux laminaire. Le contrôle de l'environnement de culture des
explants se fait par le contrôle des conditions de température, d'éclairement
(durée et intensité) et d'humidité relative.
L'espace
est réduit car les plantes sont miniaturisées, cultivées dans des récipients
posés sur des étagères éclairées, ce qui permet d'avoir la possibilité de
replanter des hectares de terrain à partir de plants cultivés sur quelques
mètres carrés. Toutes les étapes de développement des plantes peuvent être
reproduites in vitro; c'est le cas par exemple de la tubérisation.
5.2.
Les étapes de la culture in vitro
Quatre
étapes principales sont nécessaires pour établir une espèce, un cultivar, une
variété in vitro.
Une
première étape d'initiation de la culture est nécessaire : c'est la phase la
plus sensible qui consiste à désinfecter les boutures (racine, bourgeon, etc.)
ou les graines afin de les rendre stériles, avant de les placer sur un milieu
de culture approprié. Viennent ensuite les étapes de multiplication,
d'enracinement et enfin de sevrage ou acclimatation. Le sevrage est le passage
des conditions de laboratoire aux conditions de serre. Cette phase s'avère
souvent critique, car les plantes en tubes ont perpétuellement leurs stomates
ouverts, même les plantes succulentes peuvent sécher si le changement
d'environnement se fait trop brusquement.
Les
techniques de culture in vitro sont des outils qui vont aider l'obtenteur de
plantes à différents niveaux de son programme d'amélioration, notamment pour
réduire les délais de production des nouveaux cultivars, mais aussi pour
assainir les variétés, les améliorer, les conserver et réduire les coûts de
production. Elles sont multiples et se classent en deux groupes; celles qui
vont aboutir à une multiplication conforme: micropropagation, embryogenèse
somatique, culture de méristèmes etc., celles qui vont aboutir à une création
de variabilité : mutagenèse, variations somaclonales, transgenèse etc.
5.2.1. Les
phases de la micropropagation
Voici
globalement les cinq stades de la micropropagation:
1) Conditionnement
du plant mère;
2) Établissement
(ou initiation) d’une culture aseptique;
3) Multiplication
des tiges;
4) Rhizogénèse
(ou enracinement des tiges);
5) Acclimatation
des plantules.
5.2.1.1.
Stade 1 : Conditionnement des plants
mères
Dans
la description de cette technique on passe souvent sous silence le stade 1 qui
contribue pourtant pour beaucoup au succès des stades suivants. Ce stade 1
réfère au conditionnement du plant mère. En effet, le plant mère devrait être
dépourvu de carences minérales et en pleine turgescence donc sans stress
hydrique important. Au mieux et dans presque tous les cas, le plant devrait
être en croissance active, donc mis en culture en dehors de sa période de
dormance. Ceci limite dans le calendrier de production, les dates préférables de
mises en culture pour le stade d’initiation. Mais, une fois in vitro, ces
plants pourront être multipliés à l’année longue. Aussi les plants mère choisis
le seront en fonction de leur état sanitaire. Des plants infestés d’insectes
peuvent apporter des problèmes de taille à toute une chambre de culture.
5.2.1.2.
Stade 2 : Établissement d’une culture
aseptique
La littérature fournie souvent les premières
informations essentielles au départ d’une culture. On trouve dans les livres ou
revues spécialisés le détail des formulations (recettes) de milieux nutritifs
convenant à de très nombreuses espèces végétales. Généralement les auteurs
précisent aussi le protocole de désinfection de surface des explants ainsi
qu’une description de l’explant mis en culture. Ce stade est de première
importance puisqu’il comporte de nombreux facteurs critiques : Le choix du
plant mère; Le choix du fragment végétal à mettre en culture; Une stérilisation
de surface adéquate garantissant la survie de l’explant tout en assurant
l’asepsie; · La découpe de l’explant et sa position sur la gélose; Le choix du
milieu de culture qu’il est parfois nécessaire d’ajuster légèrement par la
suite suivant la réponse de l’explant; · La qualité du travail en asepsie de la
technicienne ou du technicien. Dans plus de 50 % des cas, les premiers essais
de mise en culture sont très satisfaisants et demandent très peu ou pas
d’ajustements. Pour certains autres cas, la difficulté réside dans la
désinfection des végétaux, pour d’autres dans l’ajustement de l’équilibre
hormonal. Mais selon tous les auteurs, théoriquement tous les végétaux quels
que soient leur espèce ou leur cultivar, peuvent être cultivés in vitro. Les
explants les plus aptes à entreprendre une multiplication sont généralement
riches en bourgeons ou en zones méristématiques potentielles. Ils varient selon
les espèces :
ü Les
feuilles (ex. Ficus, Saintpaulia, Bégonia…);
ü Les
tiges (asperge, colza…);
ü Les
bourgeons (fraisier, vigne, lilas,…);
ü Inflorescences
(chou-fleur, gerbera, hosta, poireau …).
La
multiplication à partir de la croissance de bourgeons axillaires offre les
meilleures chances de conserver les caractéristiques de l’espèce ou de la
variété. En effet, cette technique ne fait qu’accélérer le fonctionnement
normal des méristèmes de bourgeons déjà présents sur la plante. Par contre, on
diminue les chances d’une stabilité génétique en provoquant l’apparition de
bourgeons nouveaux (la plupart du temps à partir d’un cal, en des endroits
inhabituels tels les feuilles, les tiges, les racines).
5.2.1.3.
Stade 3 : La multiplication des tiges
Cette étape s’effectue au repiquage des
plantules obtenues au stade précédent. On veut ici accroître le nombre de
plants d’un facteur de 4 à 5 à chaque cycle chez les ligneux, et d’un facteur
de 4 à 12 chez les herbacées. Le milieu nutritif utilisé est souvent identique
à celui du premier, bien qu’une différence parfois mineure s’observe dans la
balance hormonale (équilibre auxine-cytokinine). Au stade de la multiplication,
les cytokinines sont généralement présentes en plus grande concentration dans
le milieu que les auxines. Ceci s’explique d’un point de vue physiologique par
le fait que les cytokinines s’opposent à la dominance apicale donc stimulent la
croissance de nouvelles tiges. Encore une fois, la littérature fournie
généralement les informations nécessaires nous permettant de fixer notre choix
sur une formulation appropriée. La vitesse de croissance des plantes in vitro
se module à celle in situ. Si l’espèce mise en culture est à croissance lente,
on peut s’attendre à observer une croissance lente dans les tubes.
5.2.1.4.
Stade 4 : La rhizogénèse (enracinement)
Cette étape se caractérise par la naissance de
racines sur les tiges feuillées obtenues au stade de la multiplication. Il
arrive parfois que des espèces présentent un système racinaire plus ou moins
développé au stade de la multiplication. Dans ce cas, il serait avantageux de
faire des essais pour le passage immédiat en acclimatation. On économise ainsi
temps et argent s’il nous est possible de passer outre cette étape (ex.
Bégonia, Saintpaulia, fougère). Toutefois, si ce stade s’avère nécessaire, le milieu
de culture varie quelque peu des milieux précédents. Les sels minéraux et les
vitamines demeurent généralement les mêmes. Mais dans le cas du rosier par
exemple, on suggère de diminuer la concentration des sels minéraux de moitié.
La différence majeure se situe principalement au niveau de l’équilibre hormonal
qui se fera cette fois en faveur des auxines. Des tiges très feuillées et bien
pourvues de bourgeons s’enracineront assez facilement dans un milieu dépourvu
de régulateurs de croissance. Les jeunes feuilles et les bourgeons sont des
sites naturels de production d’auxine et à l’image des boutures
traditionnelles, ces jeunes plantules sauront s’enraciner d’elles-mêmes. Par
contre, certaines espèces exigent l’apport d’auxines afin de stimuler l’initiation
de leurs racines. Cet auxine est souvent fourni sous forme d’AIA.
5.2.1.5.
Stade 5 : L’acclimatation
Il s’agit de la dernière étape qui consiste à
adapter progressivement les microplantules aux conditions qui prévalent dans la
serre ou à l’extérieur. Après avoir éliminé la gélose de la base des plants,
ils sont transférés dans un substrat horticole. Les parties aériennes sont
ensuite recouvertes de manière à les maintenir dans un environnement qui
avoisine les 100 % d’humidité relative. Les stomates de ces jeunes feuilles
cultivées in vitro demeurent constamment ouverts et laissent donc s’échapper
l’eau de transpiration de manière continue. Les risques de dessèchement sont
très élevés. Aussi doit-on attendre la croissance de nouvelles feuilles
fonctionnelles avant d’enlever progressivement la pellicule de recouvrement.
5.3.
Application de la culture in vitro :
culture des méristèmes, culture de pollen
5.3.1. Différenciation
et dédifférenciation
5.3.1.1.
La différenciation
Les
cellules d’un organisme proviennent toutes d’une même cellule-œuf ou zygote. Au
cours de l’ontogenèse la mise en place des différents tissus implique la
différenciation des cellules. Cette différenciation fait apparaitre une
diversité qui se situe à plusieurs niveaux : niveau cytologique des structures
et infrastructures cellulaires, niveau biochimique, niveau physiologique du
fonctionnement.
5.3.1.2.
La dédifférenciation
A l’inverse, des tissus déjà différenciés
peuvent se dédifférencier c'est-à-dire recouvrer les caractéristiques
cytologique et les potentialités des cellules embryonnaires.
Bien
que les phénomènes de dédifférenciation puissent être observés chez les
animaux, leur fréquence et leur importance chez les végétaux est à la base de
la multiplication végétative, souvent conditionnée par la possibilité de
néoformation des méristèmes.
Il
est évident que la dédifférenciation ne peut affecter que des cellules qui ne
sont pas trop engagées dans une spécialisation trop poussée.
La
dédifférenciation peut être observée dans des conditions naturelles, lors de la
formation de bourgeons et de racines adventives. La néoformation d’une ébauche
de racine à partir de cellules péricycliques ou celle d’une ébauche de bourgeon
à partir d’un fragment de feuille nécessite une dédifférenciation accompagnée
d’une reprise de l’activité mitotique.
5.3.2. La
culture des méristèmes
Les
plantes se développent grâce à des méristèmes, soit des petits groupes de
cellules non différenciées qui se divisent. Dans le reste de la plantes, les
cellules se différencient en fonction de leur situation: cellules de surface
(épiderme), cellules de remplissage (parenchyme), cellules conductrices de la
sève (Phloème, Xylème), … et cessent de se diviser
Ces
méristèmes se trouvent dans les bourgeons, aux extrémités des racines et sur la
longueur des tiges et des racines (méristèmes latéraux: ils induisent la
croissance en épaisseur).
ü Les
bourgeons axillaires : ce sont les bourgeons situés à la base des feuilles.
ü Le
bourgeon terminal : il s'agit de celui situé au sommet de la plante.
ü Les
bourgeons adventifs : des cellules de la plante se dédifférencient et forment
un nouveau méristème qui va développer un bourgeon (bourgeon adventif) puis une
tige, ou une racine. Ces tiges ou racines sont alors appelées tiges ou racines
adventives.( Figure )
La
culture de méristèmes peut être considérée comme un microbouturage. Elle a été
mise au point et utilisée pour la première fois par MOREL et MARTIN (1952,
1955) avec le Dahlia et la pomme de terre
pour la reconstitution de clones sains à partir de plantes infestées par
des maladies à virus. Puisque elle utilise des points végétatifs préexistants,
le seul problème d’organogenèse que pose (à première vue) la culture de
méristème est la rhizogénèse.
Cependant,
à la suite des observations de MOREL (1960) sur les orchidées et de divers
auteurs sur la possibilité de déclencher la prolifération des bourgeons
axillaires à partir de l’apex cultivé initialement il est apparu que la culture
de méristèmes (ou d’apex), outre son intérêt phytosanitaire, pouvait permettre
la multiplication avec un taux très élevé.
ü La
culture de méristème est une culture aseptique sur milieu artificiel du dôme
apical sans ébauche foliaire. Il mesure 0,2 à 0,3 mm de côté et la dissection
se fait sous loupe binoculaire. La technique peut être associée à de la
thermothérapie: culture à température élevée, pour favoriser l'élimination des
virus. (Figure )
C'est la seule façon d'obtenir des plantes saines indemnes de virus.
ü La
culture de méristèmes permet le sauvetage des variétés menacées de disparition
car très virosées. Elle concerne essentiellement les plantes à reproduction par
voie végétative: bouturage, marcottage, etc. tels le Pelargonium, le dahlia, le
chrysanthème, la pomme de terre, l'artichaut, le fraisier, framboisier, etc.
car cette voie favorise la transmission des virus à la descendance.
Les
plantes produites sont saines: sans virus, champignons et bactéries et
répondent aux normes phytosanitaires d'échanges internationaux de plus en plus
draconiennes.
Les
plantes assainies ont une vigueur accrue, et des qualités de floraison et de fructification
restaurées.
On
obtient des variétés conformes à la variété d'origine et que l'on peut
multiplier en grande quantité, la production est homogène.
ü Les
plantes obtenues sont indemnes de virus mais ne sont pas devenues résistantes
aux virus. Elles peuvent être recontaminées via des insectes si des mesures de
prophylaxie ne sont pas prises. Pour certaines variétés qui présentent des
chimères: plantes panachées de Petunia ou de Pelargonium par exemple, par
culture de méristèmes il est possible de ne pas retrouver à la régénération ce
caractère horticole.
ü De
nombreuses variétés de diverses espèces ont été sauvegardées grâce à cette
technique: pomme de terre (Belle de Fontenay en 1954), dahlias, fraisiers,
vigne, iris, framboisiers etc.
Récemment
la Violette de Toulouse a été sauvée du déclin grâce à la culture de méristèmes
qui a permis de régénérer des plantes sans virus.
Beaucoup
de plantes horticoles de grande diffusion tels le Pelargonium, le chrysanthème
etc. sont produites à partir de pieds mères qui ont été assainis par culture de
méristèmes. Il en est de même pour des espèces maraîchères tel l'artichaut ou
encore le fraisier.
5.3.2.1.
Régénération des vitroplants
On
comprend aisément que l'excision suivie de la culture in vitro des méristèmes aboutisse
à la régénération de la plante. Selon l'espèce et les hormones utilisées dans
Biotechnologies du clonage des génotypes, le méristème excisé donne des
formations diverses : plantes, tiges, embryons, cals régénérants d'autres
méristèmes, etc.
Toutes
ces structures produites par les méristèmes gardent une très forte potentialité
de déroulement du programme de morphogenèse et sont généralement très fortement
régénérantes. Ce sont donc des explants de choix pour produire des vitroplants,
surtout dans les cas où un méristème excisé donne in vitro une structure
développant de nombreux méristèmes adventifs, augmentant ainsi le pouvoir de
multiplication de l'opération.
Chaque
ébauche mise en place par les méristèmes terminaux est pré-programmée pour son
développement ultérieur (bourgeons végétatifs et bourgeons floraux chez un
fruitier par exemple).
La
partie terminale de l'ébauche est stratifiée, elle aussi, en un méristème qui
se mettra à fonctionner comme le méristème apical mais en prenant comme origine
de programme génétique l'étape qui est inscrite dans ses cellules. On peut
aussi in vitro cultiver ces méristèmes axillaires. S'ils sont très jeunes (sous
l'angle du programme génétique), ils régénèrent des individus qui ont un
développement sensiblement normal ; s'ils ont un âge génétique plus avancé, ils
peuvent donner des régénérants déjà «âgés» (par exemple des pieds de tomate
dont la floraison est ainsi hâtée, ce qui peut être intéressant). Mais il faut
noter aussi que le milieu de culture in vitro constitue, en lui-même, un
système de résonance avec l'explant et qu'il peut, par les hormones choisies,
dédifférencier le tissu mis en culture,; c'està-dire décorréler le réseau
épigénique et ainsi rajeunir le programme génétique. Un stade, se rapprochant
du point zéro, est obtenu fréquemment en utilisant le 2-4 D qui déclenche la
production d'une forte callogenèse.
5.3.3. La
multiplication végétative (La micro-propagation)
Elle permet de reproduire un individu et le
multiplier en très grand nombre, à partir de cellules ou d’un fragment
d’organe. Elle se réalise par exemple à partir de nœuds, de pousses axillaires
et s’apparente au bouturage des jardiniers. Mis en culture, ces tissus se
développent et donnent une plante entière grâce à l’usage séquentiel de milieux
nutritifs adaptés.
5.3.4. La
culture d’anthère et de pollen
Une
plante haploïde est une plante dont le nombre de chromosomes est égal au nombre
chromosomique des gamètes de la plante dont elle est issue. Les chromosomes de
chaque paire n’y sont présents qu’à un seul exemplaire sauf quand il s’agit d’autopolypoïdes.
De tailles plus réduite que le parent diploïde correspondant, L’haploïde est
morphologiquement identique à celui-ci mais stérile. Ce n’est qu’après le
doublement de son nombre chromosomique, lequel peut être spontané, inhérent au
processus lui-même, que la fertilité est recouvrée et que la fixation de
l’information génétique du génome haploïde par la duplication de celle-ci se
produit. On obtient alors des haploïdes doublés lignées homozygotes pour
l’ensemble de leurs gènes. Ce sont donc des lignées théoriquement parfaitement
pures. Cette méthode, appelée « haplo-diploïdisation » permet donc d’accélérer
la phase de fixation des produits de la recombinaison génétique issus d’un
croisement.
ü C'est
la régénération de plantes entières à partir de culture de cellules sexuelles
mâles: des grains de pollen immatures, soit par culture de pollen isolé, soit
par culture d'anthères.
ü Obtenir des plantes haploïdes doublées, (après
doublement spontané ou artificiel par colchicine). Ainsi des lignées pures sont
produites en quelques mois au lieu de 8 à 10 ans par technique classique d'autofécondations.
L'obtention
de lignées pures est une étape presque toujours nécessaire des programmes
d'amélioration des plantes.
ü C'est
une technique utilisée chez le blé, le riz, la pomme de terre, le tabac, le
maïs, l'asperge, le piment, etc. et en routine chez le colza, l'orge et
l'aubergine.
Le
blé Florin a été la première variété issue d'androgenèse inscrite au catalogue
français. Ce fut une première mondiale initiée par le laboratoire
d'Amélioration des Plantes d'Orsay. Aujourd'hui de nombreux cultivars de
diverses espèces et issus de ces techniques d'haplo-diploïdisation sont déposés
chaque année.
ü Cette
technique amène un important gain de temps, ce qui permet de mettre plus
rapidement sur le marché de nouvelles variétés présentant des avantages pour
l'agriculteur, l'industriel ou le consommateur. En effet une plante
homozygote est directement obtenue, ce
qui évite de faire une dizaine de générations d'autofécondations pour obtenir
une lignée pure, état nécessaire aux programmes de sélection végétale.
Les
plantes obtenues par cette technique sont totalement homozygotes, cela permet
de dévoiler des caractères intéressants par l'expression des allèles
récessifs habituellement cachés. Ces
gènes pouvant être exploités éventuellement.
Des
recombinants intéressants peuvent ainsi être détectés et exploités, une
résistance à une maladie par exemple.
ü Le
rendement, (nombre de plantes viables/100 anthères cultivées) est souvent
dépendant du cultivar.
Certaines
variétés de céréales produisent un grand nombre de plantes albinos, donc non
viables.
5.3.5. L’obtention
d’embryons somatiques
L’embryogénèse
somatique est la production d’embryons à partir de cellules non germinales (par
exemple cellules méristématiques) soumises à un traitement hormonal. Après
cette induction, il se produit une multiplication des cellules suivie d’une
différenciation progressive des embryons en culture.
5.3.6. Le
sauvetage des embryons
Les
embryons obtenus après la fécondation peuvent être prélevés, mis en culture in
vitro et donner un nouvel individu. Le sauvetage d’embryons consiste à prélever
un embryon précocement, à le cultiver in vitro, soit pour accélérer les cycles
végétatifs, soit parce qu’il ne pourrait pas se développer dans les tissus
maternels, par exemple lorsqu’il résulte d’un croisement interspécifique.
5.3.7. L’obtention
de protoplastes
Les protoplastes sont des cellules
débarrassées de la paroi pectocellulosique par hydrolyse enzymatique. Ils
peuvent être obtenus à partir de différents tissus d’une plante, de préférence
des limbes de jeunes feuilles. Limités seulement par la membrane cytoplasmique,
les protoplastes peuvent fusionner ce qui permet de créer de nouvelles
variétés, d’introduire des caractères à hérédité cytoplasmique. Des plantes
transgéniques peuvent être obtenues à partir de protoplastes transformés par
électroporation., Cette méthode permet d’introduire de l’ADN nu (construction
génique) dans les protoplastes par l’utilisation d’un champ électrique de haut
voltage qui rend perméable leur membrane cytoplasmique. L’ensemble de ces techniques permet de
régénérer des plantes entières. (Figure)
5.4.
Biotechnologie et amélioration des
plantes
5.4.1. L'amélioration
des plantes
II
y a des centaines de milliers d'années, alors que l'un de nos ancêtres ramenait
dans sa hutte des fruits pour les consommer en famille et laissait s'échapper
des graines dans des détritus permettant une germination à proximité de
l'habitation, l'amélioration des plantes était amorcée. Domestication
inconsciente d'abord, jardinage ensuite, échanges, codification de l'agronomie,
maîtrise des descendances renforcée par les premières lois génétiques, puis
développement de l'amélioration des plantes en tant que science et éruption des
biotechnologies. Et pourtant la création d'une nouvelle variété est-elle une
véritable science ? Dessiner le profil d'un idéotype répondant mieux aux
besoins de l'homme et de ses industries est aussi œuvre artistique, intuitive, sensible
autant au confort de l'utilisateur qu'aux potentialités techniques du matériau.
En revanche, c'est une science que de replacer l'objet rêvé dans le concret et
de calculer la trajectoire la plus efficace et la plus économique pour aller du
matériau-source jusqu'à cet idéotype. C'est dans ce compromis qui tient de la
science et de l'art que se joue l'amélioration des plantes.
Les
rendements de grandes productions telles que blé, betterave, maïs, colza, etc.
ne cessent de progresser. On peut chiffrer statistiquement ce gain à 1% en
moyenne chaque année. Bien sûr une bonne partie de ces augmentations doit
revenir aux améliorations phytotechniques (engrais, traitements, machinisme).
Mais
des estimations de sources diverses annoncent que la moitié des gains réalisés
doit être attribuée au progrès génétique, qui se traduit par l'introduction de
nouvelles variétés.
Si
ces rendements sans cesse croissants ont parfois été obtenus au détriment de la
qualité, cela ne constitue que quelques cas très particuliers. La
standardisation des blés impose des normes de valeurs boulangères bien définies
qui n'ont pas freiné les gains de production, les valeurs diététiques de
l'huile de colza ont progressé en même temps que les rendements, les taux
d'extraction des jus de betterave à sucre sont meilleurs et les rendements par
hectare sont simultanément en augmentation, etc.
5.4.2. La
biotechnologie
Est
un terme relativement récent puisqu’il est apparu pour la première fois vers
1960. Il est composé de bios (« vie » en grec) et de technologie (entré dans la
langue française en 1656, au sens « d’étude des outils, machines et matières
premières ». Bien que son étymologie soit assez précise, sa définition est un
peu plus vague, voire parfois subjective. L’utilisation d’organismes vivants et
de leurs produits à des fins commerciales en est une définition large. Les
premiers fabricants de vin et de pain peuvent donc être considérés comme des
scientifiques en biotechnologie avant la lettre. Un sens plus restreint du
terme « biotechnologie » l’associe aux réalisations des soixante dernières
années comprenant toutes les techniques de culture in vitro, ainsi que les
différents aspects de la génétique moléculaire, tels que le clonage de gènes,
le séquençage et le génie génétique. De même, il existe deux définitions
possibles du terme « biotechnologie végétale ».
La
première est une définition au sens large et traditionnel, selon laquelle la
biotechnologie végétale est l’intervention humaine sur du matériel végétal au
moyen d’instruments technologiques afin de produire des effets temporaires.
La
seconde définition, au sens strict et moderne, décrit la biotechnologie
végétale comme l’intervention humaine sur du matériel végétal au moyen
d’instruments technologiques afin de produire des effets permanents
(transmissibles à la descendance), incluant le génie génétique, ou manipulation
génétique, pour obtenir des plantes transgéniques.
Le
génie génétique végétal consiste à introduire de façon non naturelle de l’ADN
externe dans un matériel végétal pour créer de nouveaux caractères
héréditaires. On obtient ainsi des plantes génétiquement modifiées (PGM) ou
plantes transgéniques.
La biotechnologie végétale utilise une
technique majeure, appelée « culture de tissus végétaux », associée à la culture
in vitro de protoplastes, cellules, tissus et organes et qui consiste à
cultiver des tissus ou des cellules en milieu totalement artificiel.
Malheureusement, il est impossible de
contrôler entièrement tous les facteurs et de reproduire exactement les mêmes
procédures in vitro. La culture de tissus végétaux implique les étapes
suivantes :
ü la
croissance de matériel végétal exempt de microbes en milieu stérile (dans des
tubes à essai ou autres récipients scellés). Toutes les précautions sont prises
pour maintenir des conditions stériles strictes lors de la manipulation et de
la culture du matériel végétal ;
ü l’utilisation
de supports composés d’éléments connus et stériles car de nombreux composants
organiques et inorganiques sont employés dans la culture in vitro de matériel
végétal ;
ü l’utilisation
d’une chambre de croissance dans laquelle l’environnement (lumière et
température) est contrôlé
5.4.3. Les
avantages de la culture in vitro
5.4.3.1.
L’assainissement des végétaux
La
culture in vitro permet l’élimination des virus et des bactéries. Exemple : le
virus de la pomme de terre.
5.4.3.2.
La multiplication de masse
Grace
à cette technique, on peut obtenir rapidement et indépendamment des conditions
climatiques, un grand nombre de plantes qui sont stockées dans un espace réduit.
5.4.3.3.
L'accroissement de la diversité
Des
plantes rares, en voie de disparition, peuvent être conservées et multipliées
en culture in vitro. De même, des plantes qui font peu de semences et qui sont
difficiles à bouturer et/ou à greffer bénéficient aussi de cette technique. On
peut ainsi obtenir des rosiers ou des vignes sur leurs propres racines.
5.4.3.4.
La multiplication de nouvelles espèces/variétés
ou de plantes stériles:
ü plantes
résultant de croisement (hybrides) qui sont souvent stériles. - plantes transgéniques
ü plantes
à fruits sans pépin - plante présentant une caractéristique intéressante comme
par exemple la couleur particulière de
ses fleurs ---> nouveau cultivar.
5.4.3.5.
La multiplication de plantes sélectionnées:
ü Pour
leur résistance aux maladies
ü Pour
leur production plus importante
ü Pour
leur tolérance à divers facteurs (sécheresse, excès d'eau, trop ou trop
peu de sels, froid/chaud, herbicide)
ü Pour
leur vigueur
5.4.3.6.
La sélection de plantes résistantes
On
peut exercer une pression de sélection en cultivant les plantes sur des milieux
contenant des concentrations croissantes en sels ou en herbicides. Les plus
résistantes sont repiquées sur du milieu de plus en plus concentré. On peut,
par la même technique, sélectionner des plantes capables de vivre sur des
milieux pauvres ou des plantes résistantes à certains pathogènes.
5.4.4. Fusion
de protoplastes
Un
des développements les plus significatifs de ces dernières années en matière de
cultures de tissus végétaux est l’isolement, la culture et la fusion des protoplastes.
Le
terme protoplaste désigne la partie de la cellule qui se trouve entourée par la
paroi cellulaire et que l’on peut plasmolyser
et isoler par de moyens mécaniques ou enzymatiques. L’absence de paroi
cellulaire dans les protoplastes est le motif essentiel de leur emploi comme
modèle et outil de travail en physiologie végétale, radiobiologie, virologie et
pathologie, cytogénétique, biochimie, biologie moléculaire, génétique et
amélioration des plantes.
Cet
important domaine de recherche n’a prospéré qu’à partie de 1960 lorsque Cocking
mis au point la méthode d’obtention des protoplastes par la voie enzymatique.
Depuis cette date de nombreux articles ont été publiés.
5.4.4.1.
Hybridation somatique
La
reproduction sexuée est l'un des mécanismes les plus stricts que les processus
évolutifs ont mis en place pour empêcher les flux génétiques entre les espèces.
Bien plus, à l'intérieur de l'espèce elle-même, des frontières très précises
permettent tel ou tel type d'accouplement autorisant ou non l'allogamie ou
l'autogamie et définissant par là même la structure génétique plus ou moins
hétérozygote du génotype. La méiose en elle-même impliquant l'appariement des
chromosomes homologues élimine tout remaniement profond des chromosomes et
contrôle ainsi l'homogénéité de l'espèce. Les biologistes ont constaté, au
cours des manipulations cellulaires, que l'on pouvait obtenir des agrégations
entre des cellules débarrassées de leur paroi pecto-cellulosique et qu'il en
résultait une fusion des éléments nucléaires et cytoplasmiques ; le principe
même de l'hybridation somatique était né. Melchers montra ensuite que cette
fusion était possible entre des protoplastes différents (tomate et pomme de
terre), indiquant ainsi que l'on pouvait transgresser les frontières de l'hybridation
sexuée.
5.4.4.2.
Étapes importantes de l'hybridation
somatique
ü Les protoplastes
Dans
la cellule végétale, la membrane plasmatique ou plasmalemme est doublée par une
paroi squelettique constituée de fibres de cellulose et de pectine. La cellule
exerce une pression sur ces fibres à la manière d'une chambre à air sur un
pneu. Ainsi les plantes herbacées ont une certaine rigidité due à leur
tonicité. Bien que l'état protoplaste ait été connu depuis le début du siècle,
ce n'est que vers les années 1960 que Cocking montrait que, par des enzymes du
type cellulase et pectinase, on pouvait attaquer les fibres pecto-cellulosiques
et dissocier les tissus végétaux, mettant ainsi à nu la membrane plasmatique de
chaque cellule. Divers explants sont utilisables : feuilles, cotylédons,
hypocotyles. Il est également possible de partir de matériel déjà dédifférencié
: cals ou suspensions cellulaires. L'accès de l'enzyme aux tissus est facilité,
selon le cas, par dilacération des explants ou infiltration sous vide. Pour le
mésophylle foliaire, la technique classique consiste à ôter l'épiderme
inférieur. Malgré la diversité des origines possibles, le mésophylle foliaire
reste la source de protoplastes la plus utilisée. En effet, cet explant est
généralement disponible en grande quantité, son prélèvement ne lèse pas trop la
plante et le matériel produit est abondant et homogène. Les explants préparés
sont alors incubés dans la solution enzymatique, dans de très strictes
conditions de durée, de température, d'éclairement et de pression osmotique.
Chaque unité cellulaire dénudée apparaît alors sous une forme sphérique appelée
protoplaste. Chez la luzerne, on obtient ainsi environ 12.106 protoplastes par
gramme de feuille traité. Les protoplastes, récupérés par centrifugations et
lavages, et mis dans de bonnes conditions de survie, reconstituent très vite
leur paroi pecto-cellulosique (en quelques heures on voit apparaître les
premières fibres). Ensuite, si les conditions de milieu sont toujours
favorables, les protoplastes entrent en mitose et donnent ainsi des
microcolonies qui deviennent des microcals, puis des cals. Les premières
divisions apparaissent entre le 3e et le 5e jour de culture. Outre la nature du
milieu, la densité de mise en culture joue un rôle important pour l'obtention
d'un taux de divisions correct (30 à 80 000 protoplastes par ml, et
généralement plus pour les monocotylédones).
Les
petites colonies sont visibles, à l'œil nu, après une quarantaine de jours. La
totipotence peut être maintenue dans ces cals issues de protoplastes et
s'exprime dans un milieu de régénération approprié où le cal donne des
formations méristématiques qui se développent en jeunes plantes, ou, dans des
cas plus favorables, en embryons somatiques qui donneront des plantules. Chez
certaines espèces, dont le nombre s'accroît sans cesse, on sait donc boucler le
cycle plante — protoplastes — plantes.
Les pourcentages de régénération de plantes
sont généralement faibles, comparés au
très grand nombre de protoplastes obtenus dans une opération : ils sont le
produit de l'efficacité d'étalement (probabilité pour un protoplaste de donner
un cal) par le nombre moyen de plantes régénérées par cal (fréquence de
régénération). Même dans de bonnes conditions opératoires et avec un matériel
végétal favorable, le cycle plante — protoplastes — jeunes plantes est
relativement long (quelques mois).
ü La fusion
On appelle «fusion» l'agrégation de deux, ou
plusieurs, protoplastes. L'intérêt du passage de la cellule isolée par le stade
protoplaste réside dans l'accessibilité de cette dernière structure.
Généralement, les protoplastes se repoussent à cause de leurs charges électrostatiques
négatives. Cette charge est due en majorité aux groupes phosphates et pour une
part plus faible à des protéines. L'accolement des protoplastes, étape
préalable indispensable pour la fusion, doit donc être provoquée par
l'expérimentateur.
Des agents chimiques, comme le calcium ou des
substances «surface-actives» non ionisées, comme le polyethylene glycol (PEG),
sont dans ce but assez efficace. Une fois les protoplastes accolés, la dilution
de ces substances induit des perturbations membranaires provoquant alors la
fusion. Les taux de fusion ainsi obtenus varient entre 0% et 5% environ. Mais,
depuis ces dernières années, on a pu faciliter l'agrégation des protoplastes en
pratiquant l'électrofusion. Cette technique consiste à placer sur la solution
de protoplastes dans la boîte de Pétri un système multi-électrodes (14
électrodes écartées de 2 mm) relié à un générateur de courant sinusoïdal de
haute fréquence couplé avec un second générateur d'impulsion de courant carré.
Lorsqu'on applique le champ électrique (125 V/cm, 1MHz) induit par le courant
sinusoïdal, les protoplastes se comportent comme des dipôles et s'alignent en
suivant les lignes de champs, assurant ainsi leur contact intime. La fusion a
alors lieu dans un deuxième temps où l'on envoie des impulsions très courtes
(20 à 30) d'un courant carré de 1,3 KV/cm. La fusion peut être observée sous
microscope inversé, donnant une estimation des taux de fusion réalisés. La
suspension des protoplastes fusionnés est alors reprise par dilution progressive
dans un milieu de culture, comme pour les fusions provoquées par voie chimique.
Cette technique permet d'obtenir des taux de fusion de l'ordre de 80%. La
fusion se produit d'une manière aléatoire, due aux relations de voisinage des
protoplastes et à la neutralisation de leurs charges ; leur volume intervient
donc vraisemblablement. Si le mélange contient en quantité égale deux espèces
différentes A et B et si l'on admet, de manière théorique, que les divers types
de fusion sont équiprobables, on doit observer : un quart d'autofusions AA, une
moitié d'hétérofusions AB et un quart d'autofusions BB (dans cette estimation
nous ne tenons pas compte des fusions multiples, qui en général sont assez
rares, ni des fusions partielles). Lors de l'accolement de deux protoplastes,
l'ensemble du contenu cellulaire est mis en commun : on peut donc aboutir à
l'addition totale des trois compartiments héréditaires : nucléaire,
mitochondrial et chloroplastique. Cette addition totale accroît le niveau de
ploïdie de l'unité résultante. Mais deux phénomènes viennent perturber le
déroulement sans accident de l'agrégation :
ü d'une
part, les échanges ne sont pas toujours totaux : on peut aboutir à une addition
incomplète et à un microplaste résiduel ;
ü dès
la fusion réalisée, des compétitions et des éliminations se mettent en place.
Par exemple, à chaque mitose subséquente il se peut que certaines paires
chromosomiques soient rejetées et ne participent plus aux noyaux télophasiques.
Cette éviction chromosomique peut aller jusqu'à l'élimination totale de l'un
des deux noyaux parentaux.
Pour
le compartiment mitochondrial, les phénomènes sont encore plus complexes, car
ils comportent des compétitions entre les vitesses de réplication et des auto-
et hétérorecombinaisons en des sites privilégiés. On peut donc trouver des
populations contenant tous les dosages intermédiaires entre l'addition totale
et l'absence de l'un des types. Chez les chloroplastes, les règles paraissent
plus strictes puisque généralement l'un des types parentaux élimine totalement
l'autre : il ne subsiste donc qu'une seule population d'ADN chloroplastique.
Lorsque les noyaux se sont additionnés partiellement ou en totalité, on parle
d'hybride somatique ; s'il ne subsiste que l'un des noyaux parentaux avec un cytoplasme
composite et/ou recombiné, on parle de «cybrides» (cytoplasme hybride). Bien
qu'il apparaisse des formes majoritaires, on voit bien qu'une même opération de
fusion produit tout un spectre de structures génétiques entre lesquelles il est
parfois difficile de se retrouver.
5.4.5. Haplo-méthodes
(Androgenèse et gynogenèse)
Les
haploïdes ont toujours suscité un très vif
intérêt des sélectionneurs, pour la claire lisibilité de leur génome,
mais surtout parce qu'ils sont la source d'homozygotes parfaits puisqu'on sait
autodoubler leur stock haploïde de chromosomes. Depuis longtemps on est capable
d'obtenir des plantes haploïdes à très faible fréquence à la suite de
polyembryonie ou plus simplement de graines à embryons doubles. On sait aussi
obtenir des descendances haploïdes à partir d'hybridations interspécifiques
suivies de cultures in vitro des jeunes embryons ainsi induits. Mais il y a une
trentaine d'années, pour la première fois étaient régénérées des plantes à
partir de culture in vitro de microspores ayant donc un stock haploïde de
chromosomes chez le tabac. Cette voie d'obtention volontaire de plantes
haploïdes s'est vite étendue à d'autres espèces, puis on a diversifié les
méthodes. A l'androgenèse (régénération de plantes in vitro à partir de culture
de microspores) s'est ajoutée la gynogenèse obtenue à la suite de culture
d'ovules non fécondés ; puis, plus récemment, des apomixies provoquées par
irradiations, soit du gamétophyte mâle, soit du gamétophyte femelle, ont aussi
été sources d'individus haploïdes.
5.4.5.1.
Les haploïdes doublés
Les plantes obtenues par les diverses
techniques sont issues, en principe, d'une cellule haploïde : ce sont donc en
fait des «plantes sans mère» (androgenèse) ou des «plantes sans père»
(gynogenèse). Cependant, dans de nombreux cas, l'individu régénéré est diploïde
ou même parfois polyploïde (pétunia, asperge, par exemple) ; c'est que l'état
haploïde est instable et que lors des mitoses haploïdes la télophase ne se
déroule pas normalement. On a donc une endomitose et un retour à l'état 2n. De
toute manière, la plante haploïde est stérile dans la majorité des cas où
l'individu de départ était un véritable diploïde (lorsque l'individu de départ
est tétraploïde, on appelle «dihaploïde» la structure 2n = 2x obtenue après
haploïdisation). Utilisation des haploïdes doublés Pour utiliser une plante
régénérée par l'une quelconque des voies d'haploïdisation, il faut donc la
rendre fertile et provoquer artificiellement un doublement des chromosomes si
celui-ci n'a pas été spontané. Par des traitements qui inhibent l'alignement
des microtubules du fuseau, on provoque des endomitoses qui rétablissent le
niveau diploïde. La colchicine est l'un des agents les plus couramment employés
pour obtenir cette autocopie du stock haploïde. On récupère donc chez ces
haploïdes doublés une homozygotie totale. De telles plantes fertiles, diploïdes
et homozygotes reproduites par autofécondation donnent des descendants tous
parfaitement semblables à la plante mère ; on a «fixé» le type sous la forme
d'une lignée pure.
Pour
un sélectionneur partant d'une hybridation, l'haploïdisation dès la F1 donne,
sous forme d'individus régénérés tous différents les uns des autres,
l'expression visuelle d'une ségrégation gamétique. Avec le doublement des
chromosomes, on rend fertiles Haploïdisation et stables ces nouveaux génotypes
parmi lesquels il suffit de choisir ceux qui sont les plus proches de
l'idéotype.
L’haplodiploïdisation
intéresse aussi les sélectionneurs et les généticiens plus fondamentaux.
Actuellement, des progrès dans la compréhension du déterminisme génétique de
caractères de grande importance agronomique viennent de l’utilisation conjointe
des haplométhodes et du marquage moléculaire (orge, maïs, piment). Les
principales limitations de l’’haplodiploïdisation restent la difficulté et le
coût de l’obtention des plantes haploïdes doublées. De plus, certains
sélectionneurs considèrent que le temps nécessaire pour fixer la lignée lors de
la sélection généalogique leur donne l’opportunité de mieux connaître les
réactions de la future variété vis à vis des stress.
5.4.6. Variations
soma-clonales
Vitrovariants
Lorsque
les éléments excisés sur la plante donneuse perdent les repérages apportés par
les réseaux de signaux ou sont incapables, du fait du milieu de culture et
notamment de l'utilisation du 2-4 D, de les restructurer, des réactions
épigéniques différentes gèrent un déroulement modifié du programme génétique.
Par ailleurs, les systèmes de sauvegarde de l'intégrité génotypique sont
relâchés, la réparation des mutations, l'excision des erreurs de mitose, les
contrôles du nombre de chromosomes liés aux mécanismes d'endoduplication sont
affaiblis. Il apparaît alors des copies non conformes (morphologiquement ou
physiologiquement) qu'on désigne sous le terme de phénovariants ou
vitrovariants. Cette découverte française a été diffusée par les Anglo-Saxons
sous l'appellation «variation somaclonale», mais le terme vitrovariations est
plus correct.
5.4.6.1.
Variation soma-clonale et sélection in
vitro
Chez
de nombreuses espèces, des modifications temporaires ou stables ont été
décrites dans les lignées de cellules en culture, ainsi que dans les plantes
régénérées à partir de ces cellules. L'ampleur de cette variation somaclonale
diffère beaucoup suivant les espèces : elle est remarquable chez le riz.
L'utilité des mutations induites par la culture in vitro peut être accrue si
une sélection est exercée au niveau des cellules, de manière à réduire le
nombre de plantes à tester en laboratoire et au champ après régénération.
5.4.7. Embryogenèse
somatique
La
formation d’embryon à partir de cellules somatiques normales a été obtenue en
culture in vitro chez la carotte par REINERT (1958) et STEWARD et coll. (1958)
puis chez un certain nombre d’espèces appartenant à des familles très diverses.
La
formation d’un embryon ne peut donc plus être considérée comme l’apanage du
zygote issu de la fécondation. Elle ne nécessite pas non plus l’environnement
particulier que constitue l’albumen. Les embryons peuvent se développer à
partir de cellules apparemment banales, diploïdes ou même haploïdes dans le cas
de (l’androgenèse).
Cependant,
il arrive souvent, qu’on ne sache pas très bien si les plantules régénérées
proviennent de véritables embryons somatiques (ou embryoïdes) ou du
développement successif d’un bourgeon et de racines.
En
effet, après quelques temps, les deux types de productions ne peuvent plus être
distingués. Mais l’embryoide suit le même développement qu’un embryon normal en
passant par les étapes décrite par
l’embryogenèse
Le
fait qu’un embryon ne soit pas nécessairement le produit de la fécondation a
une portée biologique et fondamentale considérable. L’embryogenèse somatique a
illustré le concept de la « totipotence cellulaire ». Toute cellule possède en
effet dans son génome l’information nécessaire pour reconstituer une plante
entière. Mais il semble bien qu’elle ne puisse le faire effectivement qu’à
condition de n’être pas engagée trop loin dans le mécanisme de la
différenciation et d’être placée dans un environnement approprié.
L’embryogenèse
somatique parait être la méthode théorique « idéale » de multiplication
végétative. Elle devrait en particulier permettre d’utiliser, dans l’avenir,
les résultats éventuels de manipulation au niveau cellulaire (mutagenèse,
fusion de protoplastes….).
Deux types d’embryogenèse somatique
:
Directe :
s’effectue directement à partir de cellules très jeunes embryogènes.
Indirecte :
On obtient un amas de cellules indifférenciées. De nombreuses divisions
cellulaires sont rapidement provoquées à partir des tissus cultivés grâce à
l’apport d’une forte dose d’auxine : un cal.
5.4.8. Sauvetage
d’embryon
Sauvetage
d’embryons par culture in vitro qui autrement avorteraient sur la plante mère,
en particulier dans le cas de croisements entre espèces. Ceci a permis par
exemple l'obtention des triticales, obtenus par croisement du blé et du seigle,
largement cultivés aujourd’hui notamment en agriculture biologique, ou encore
l’introduction de résistances à des maladies chez la to- mate à partir
d’espèces sauvages.
5.4.9. Transfert
de gènes
Les
développements des connaissances sur le code génétique et la régulation de son
expression par les zones voisines du gène sur le chromosome et surtout la
découverte d'enzymes, les endonucléases de restriction, qui découpent avec
précision la molécule d'ADN ont ouvert des perspectives incommensurables au
génie génétique. On peut dès maintenant extraire, après repérage, un gène de
l'ensemble du domaine vivant (du virus, de la bactérie, jusqu'à l'homme) et le
transférer sur les chromosomes de la plante qui, à partir de là, le transmettra
à ses descendants au même titre que ses propres gènes. Nous en sommes aux
toutes premières réussites de l'expérimentation par les sélectionneurs de
telles plantes dites transgéniques, mais on peut prédire que les prochaines
décennies exploiteront, en routine, cette très puissante technologie. Pour
l'instant, l'utilisation de résistances monofactorielles à des molécules
insecticides ou herbicides représente le champ d'application de ces transferts
moléculaires.
Mais
déjà on se préoccupe de la manipulation non seulement de l'ADN codant, mais
aussi des produits de transcription (ARN messagers) ou de traduction
(polypeptides) du gène. Ici encore, des attaques post-transcriptionnelles, par
voie moléculaire, vont révolutionner les champs d'application du génie
génétique.
Comme
on le constate, le sélectionneur peut, par de nombreuses voies, introduire une
diversité génétique dans les génotypes qu'il a extraits des populations sources
ou des collections variétales disponibles. Dans tous les cas, cette diversité
constitue, par les ségrégations et les remaniements d'expression qu'elle
entraîne, un champ de sélection dans lequel il faut individualiser et modeler
le futur prototype d'une variété nouvelle.
Reference
Bibliographique
Chaib
Ghania,…., Introduction à la biotechnologie L3
Guettouchi
Ahlam, 2019, Cours Biotechnologie
végétale et amélioration des plantes. République Algérienne Démocratique et
Populaire. Ministère de l’enseignement
supérieur et de la recherche scientifique Université Mohamed Boudiaf- M’Sila .
46p
Margara
J. Bases de la multiplication végétative : Les méristèmes et l’organogenèse.
Ed.INRA, 1982, Paris, France.
- Morot-Gaudry J.-F., Briat J.-F. La génomique
en Biologie Végétale. Sciences Update.INRA Editions.
-
Le Monde végétal : Du génome à la plante entière. Académie des Sciences rst
n°10,octobre 2000. Editions TEC et DOC
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