LES MAUVAISES HERBES
La lutte contre les
mauvaises herbes, ou plutôt la gestion à long terme de l’enherbement d’une
parcelle dans un contexte agroécologique donné, représente l’un des principaux
enjeux permettant la durabilité des systèmes de production. La mise en place de
cette gestion nécessite une connaissance approfondie de ces enherbements,
notamment de leur composition floristique, de leur diversité spécifique, et de
l’écologie et la biologie des espèces qui les composent. Cette démarche permet
de connaître de façon précise les organismes contre lesquels il faut lutter et
les facteurs écologiques et agronomiques qui vont influencer leur développement.
Ainsi, il devient possible d’agir sur ces facteurs pour maintenir les
communautés de mauvaises herbes en dessous d’un seuil de nuisibilité globale.
ü Une
définition délicate
Mauvaises herbes et
adventices en français, weeds en anglais et unkraut en allemand sont peut-être
les termes les plus importants de la malherbologie. Cependant leur défini- tion
pose des difficultés insurmontables. Si le terme adventice a un sens écologique
(plante introduite accidentellement dans des milieux modifiés par l’homme), le
terme mauvaise herbe a un sens malherbologique (plante indésirable là où elle
se trouve)1. Les termes anglais et allemand, eux, véhiculent les deux notions.
Même en français, le
terme de mauvaise herbe n’est pas toujours satisfaisant. En effet, la définition
de l’AFNOR peut susciter des ambiguïtés dans sa compréhension. Aussi, il est
nécessaire de préciser que le statut de mauvaise herbe ne devrait être attribué
qu’à une plante installée postérieurement à une activité humaine et ayant un
effet nuisible direct ou indirect.
Cette notion de
mauvaise n’a pas une valeur absolue et certains auteurs, de façon plus
objective, qualifient les mauvaises herbes d’éléments commensaux du cultivar,
sans préjuger d’un effet positif ou négatif. Pour d’autres, il s’agit de
plantes plus nuisibles qu’utiles, même si un effet bénéfique leur est reconnu :
diminution de l’érosion du sol, fertilisation, intérêt médicinal ou
alimentaire, etc.
D’ailleurs, dans les
agrosystèmes traditionnels, au Mexique par exemple, les agriculteurs
maintiennent en association avec la culture certaines espèces qu’ils appellent
buen monte (bonnes plantes) et n’éliminent que les mal monte (mauvaises
plantes). En effet, dans de nombreux systèmes traditionnels en région
tropicale, différentes mauvaises herbes sont maintenues dans les champs et
utilisées à des fins diverses : nourri- ture, médecine, cérémonies religieuses,
amélioration du sol, limitation de l’érosion, apport de matière organique...
Aussi le terme général
de mauvaise herbe, utilisé en français pour nommer les espèces végétales
croissant dans les parcelles cultivées sans y avoir été intentionnellement
plantées est assurément peu adéquat, mais la langue française n’en possède pas
encore d’autre. D’une façon générale, le terme de mauvaise herbe peut être
utilisé pour désigner l’ensemble des espèces appartenant à la flore des parcelles
cultivées, sans préjuger de leur action sur la culture, même si certains
définissent les mauvaises herbes comme des plantes dont on n’a pas encore
trouvé d’utilité.
La lutte contre les mauvaises herbes (Extrait du memento de l'agronome)
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