samedi 13 août 2022

Malherbologie

Dr Ndongo DIOUF (Chercheur malherbologue)                                                 
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LES MAUVAISES HERBES

La lutte contre les mauvaises herbes, ou plutôt la gestion à long terme de l’enherbement d’une parcelle dans un contexte agroécologique donné, représente l’un des principaux enjeux permettant la durabilité des systèmes de production. La mise en place de cette gestion nécessite une connaissance approfondie de ces enherbements, notamment de leur composition floristique, de leur diversité spécifique, et de l’écologie et la biologie des espèces qui les composent. Cette démarche permet de connaître de façon précise les organismes contre lesquels il faut lutter et les facteurs écologiques et agronomiques qui vont influencer leur développement. Ainsi, il devient possible d’agir sur ces facteurs pour maintenir les communautés de mauvaises herbes en dessous d’un seuil de nuisibilité globale.

 

ü  Une définition délicate

Mauvaises herbes et adventices en français, weeds en anglais et unkraut en allemand sont peut-être les termes les plus importants de la malherbologie. Cependant leur défini- tion pose des difficultés insurmontables. Si le terme adventice a un sens écologique (plante introduite accidentellement dans des milieux modifiés par l’homme), le terme mauvaise herbe a un sens malherbologique (plante indésirable là où elle se trouve)1. Les termes anglais et allemand, eux, véhiculent les deux notions.

Même en français, le terme de mauvaise herbe n’est pas toujours satisfaisant. En effet, la définition de l’AFNOR peut susciter des ambiguïtés dans sa compréhension. Aussi, il est nécessaire de préciser que le statut de mauvaise herbe ne devrait être attribué qu’à une plante installée postérieurement à une activité humaine et ayant un effet nuisible direct ou indirect.

Cette notion de mauvaise n’a pas une valeur absolue et certains auteurs, de façon plus objective, qualifient les mauvaises herbes d’éléments commensaux du cultivar, sans préjuger d’un effet positif ou négatif. Pour d’autres, il s’agit de plantes plus nuisibles qu’utiles, même si un effet bénéfique leur est reconnu : diminution de l’érosion du sol, fertilisation, intérêt médicinal ou alimentaire, etc.

D’ailleurs, dans les agrosystèmes traditionnels, au Mexique par exemple, les agriculteurs maintiennent en association avec la culture certaines espèces qu’ils appellent buen monte (bonnes plantes) et n’éliminent que les mal monte (mauvaises plantes). En effet, dans de nombreux systèmes traditionnels en région tropicale, différentes mauvaises herbes sont maintenues dans les champs et utilisées à des fins diverses : nourri- ture, médecine, cérémonies religieuses, amélioration du sol, limitation de l’érosion, apport de matière organique...

Aussi le terme général de mauvaise herbe, utilisé en français pour nommer les espèces végétales croissant dans les parcelles cultivées sans y avoir été intentionnellement plantées est assurément peu adéquat, mais la langue française n’en possède pas encore d’autre. D’une façon générale, le terme de mauvaise herbe peut être utilisé pour désigner l’ensemble des espèces appartenant à la flore des parcelles cultivées, sans préjuger de leur action sur la culture, même si certains définissent les mauvaises herbes comme des plantes dont on n’a pas encore trouvé d’utilité.

La lutte contre les mauvaises herbes (Extrait du memento de l'agronome)

Cours de Malherbologie

Les adventices en Haiti

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lundi 8 août 2022

Gestion Phytosanitaire intégrée


 
I.            Introduction

L’environnement agricole précaire et le déficit alimentaire sont aggravés par les pertes culturales dues aux ravageurs aux maladies et aux adventices. En raison des conditions aléatoires de conservation des denrées et des conditions climatiques favorables à leurs développements, les pertes culturales causées par ces pestes prennent ces derniers temps des proportions de plus en plus alarmantes estimée a au moins 10 à 40 % de la production.

Un moyen de  stabiliser et d’accroitre la production consiste à protéger les cultures contre les ravageurs et les adventices présents dans les écosystèmes cultivés. L’objectif de la protection des plantes a conduit après la seconde guerre mondiale, l’utilisation accrue des techniques chimiques pour combattre contre les ravageurs. Dès lors, les gains de productivité agricole réalisée étaient attribués largement à l’introduction des pesticides synthétiques et des engrais non-organiques.

La persistance des ravages due aux pestes a amené les chercheurs à s’investir dans l’étude de l’adoption des méthodes de lutte contre celle-ci, en particulier celle des pesticides chimiques.

Cependant la protection des cultures par l’utilisation incontrôlées des produits synthétiques a des conséquences économiques, écologiques et sanitaires néfastes. Ainsi, en vue  d’enrayer l’utilisation abusive des pesticides synthétiques le concept de gestion phytosanitaire intégrée a été introduit dans le programme de protection des végétaux.

L’objectif de ce cours est de :

Ø  Faire prendre conscience aux étudiants de la valeur ajoutée qu’apporte la Gestion Phytosanitaire intégrée, lors de la mise en place et la gestion des parcelles de cultures horticoles.

Ø  Préserver la biodiversité animale et végétale.

Ø  Maintenir la qualité des sols et des eaux naturelles indispensable à une production durable des cultures

       I.            Définition de quelque  concepts de base de la gestion phytosanitaire intégrée

1.1-         Gestion Phytosanitaire intégrée

Ø  C’est l’application de la meilleure combinaison technique dans le but de garder les ennemis des cultures à un niveau où ils ne peuvent pas causer de dommage économique, tout en protégeant l’environnement et la santé humaine. C’est aussi d’éviter de dépendre seulement d’une seule mesure de contrôle et surtout de  réduire la dépendance aux pesticides chimiques de synthèse.

Ø  C’est un système qui dans le contexte de développement des cultures et la dynamique des populations des ennemies des cultures (pestes) utilises des techniques et des méthodes disponible d’une manière aussi compatible qu’il soit possible de maintenir les ennemies des cultures au-dessous du niveau de dommages économique

Ø  C’est un système qui combine l’analyse critique des problèmes phytosanitaires et une solution très large de tactique de gestion  afin de produire une relation : «  Maximum bénéfice en minimisant en même temps les effets adverse sur la santé humaine et l’environnement »

Ø  Elle consiste en la prise en considération attentive de toutes les méthodes de protection des plantes disponibles et, par conséquent, l’intégration des mesures appropriées qui découragent le développement des populations d’organismes nuisibles et maintiennent le recours aux produits phytopharmaceutiques et à d’autres types d’interventions à des niveaux justifiés des points de vue économique et environnemental, et réduisent ou limitent au maximum les risques pour la santé humaine et l’environnement.

Ø  C’est un système qui privilégie la croissance de cultures saines en veillant à perturber le moins possible des agroécosystèmes et encourage les mécanismes naturels de lutte contre les ennemis des cultures.

Ø  C’est une application durable de gestion des ennemies des cultures qui met l’emphase sur la participation des agriculteurs dans la sélection et l’intégration de tactique de contrôle compatible entre elle et aussi avec l’environnement et la santé humaine dans le but de réduire les pertes au-dessous du seuil économique afin de pouvoir offrir au marché des produits de  qualité nationalement et internationalement compétitif.

è Ella a pour objectif de réduire l’utilisation des pesticides afin de minimiser l’impact environnemental et le coût de la lutte tout en maximisant les résultats économiques de l’agriculteur.

1.2-         Le rendement maximal potentiel

C’est le rendement obtenu à partir des cultures produites dans des parcelles et dans des conditions expérimentales, avec recours maximum aux dernières technologies et ressources. C’est le rendement le plus élevé envisageable pour une variété donnée, cultivée dans les conditions idéales.

1.3-         Le rendement réel

C’est le rendement obtenu à partir de cultures produites dans les conditions réelles rencontrées par les producteurs avec les mêmes variétés que dans les parcelles expérimentales. Les rendements réels sont souvent inférieurs aux rendements potentiels.

NB : La différence entre rendement potentiel et rendement réel est due à une série de facteurs environnementaux, notamment le type de sol, la variété de plante cultivée, les pratiques agronomiques, le temps et les nuisibles. Les activités de recherche, de vulgarisation et de formation agronomique visent à trouver des moyens d’améliorer les rendements réels pour qu’ils se rapprochent des rendements potentiels, par exemple en manipulant des facteurs agronomiques et environnementaux qui réduisent les rendements. L’objectif global de la gestion des nuisibles des est donc d’empêcher, de réduire et de maintenir l’effet des nuisibles à des niveaux où ils ne constituent plus des obstacles à l’obtention de rendements réels plus élevés. C’est de cette façon que les interventions de gestion des nuisibles augmentent les rendements.

1.4-         Nuisibles    

Un nuisible est un organisme qui cause des dégâts aux cultures, au bétail et aux humains, provoquant des pertes de revenu et de nourriture et des maladies. Le terme « nuisible » se réfère au rôle d’un organisme qui aggrave la faim, la pauvreté et les maladies. Le terme « nuisible » est donc plus socioéconomique que biologique, puisqu’il il se rapporte principalement aux aspects sociaux et économiques des activités humaines. Un organisme n’est pas un nuisible dans son habitat naturel (par exemple les insectes dans les herbes sauvages et la végétation naturelle), mais dès qu’il entre en conflit avec l’homme et ses intérêts (par exemple les insectes dans les cultures), il est considéré comme un nuisible. Le Tableau 1 donne une liste des catégories d’organismes qui peuvent être des nuisibles des cultures ou des produits stockés.

Parmi les nuisibles, le terme « ravageur » est souvent réservé aux arthropodes et autres catégories d’animaux. Le terme « vecteur » est utilisé pour désigner les nuisibles qui transmettent des organismes qui causent des maladies aux cultures, à l’homme et au bétail. Les microorganismes qui causent des maladies chez les plantes sont souvent désignés sous le nom d’« agents phytopathogènes ». Les mauvaises herbes sont des nuisibles qui sont normalement considérés comme causant des problèmes agronomiques.

Tableau1 : Nuisibles des cultures

Nuisibles

Description

Arthropodes :

Insectes et acariens qui se nourrissent de plantes et/ou qui transmettent des microbes vecteurs de maladies

Microorganismes :

Champignons, bactéries et virus qui causent des maladies chez les plantes

Mollusques :

Escargots et limaces qui se nourrissent des plantes

Nématodes phytoparasites :

Se nourrissent des racines et autres parties des plantes

Vertébrés :

Rongeurs et oiseaux qui se nourrissent des plantes

Mauvaises herbes :

Font concurrence aux cultures pour l’espace, la lumière, l’humidité et les nutriments du sol nécessaires à une saine croissance des plantes

 

1.5-         Ennemis naturels

Beaucoup d’organismes trouvés sur les cultures attaquent d’autres espèces et/ou s’y reproduisent. Ces organismes sont connus sous le nom d’ennemis naturels. Les ennemis naturels courants des nuisibles sont les parasitoïdes, les prédateurs et les agents entomopathogènes (Encadré 1).

  Encadré 1. Ennemis naturels des nuisibles

èLes parasitoïdes sont des ennemis naturels qui tuent et empêchent la propagation des nuisibles en vivant et  en se développant dans leur   corps.  Les principaux parasitoïdes    sont des mouches ou des guêpes   minuscules qui pondent leurs œufs    dans    ou sur  le corps des nuisibles. Lorsque ces œufs   éclosent, ils     se transforment en larves qui se nourrissent  des tissus internes du nuisible, s’y développent  et tuent ainsi   le nuisible. Le corps   du nuisible mort ne se décompose pas, mais durcit. Ce corps durci s’appelle « momie ». Les parasitoïdes adultes émergent des « momies » et tuent d’autres nuisibles en y pondant leurs œufs.

èLes prédateurs sont des ennemis naturels qui tuent et empêchent la propagation des nuisibles en les attaquant et en se nourrissant d’eux. La plupart des prédateurs des insectes et acariens nuisibles sont d’autres insectes et acariens, par exemple la coccinelle prédatrice, les syrphes, et les acariens prédateurs appelés phytoséiides.

èLes agents entomopathogènes sont des ennemis naturels qui tuent et empêchent la propagation des insectes et acariens  en causant des maladies dans            leur corps. Quand l’insecte ou acarien hôte meurt, le cadavre se présente sous la forme d’une « momie » Les agents entomopathogènes comprennent, par  exemple, des espèces de certaines   bactéries, champignons,  nématodes, protozoaires ou virus. Les agents entomopathogènes constituent la matière active utilisée dans les biopesticides du commerce. Les biopesticides à base de spores de bactéries ou de champignons sont les produits les plus courants. Les biopesticides sont souvent appliqués de la même manière que les pesticides chimiques ; mais les matières actives vivantes (par exemple champignon) qui y sont contenues    se reproduisent, assurant ainsi le contrôle permanent des nuisibles et ne nécessitant donc qu’une application unique.

 

   II.            Dégâts aux cultures

Les agents de vulgarisation et les producteurs considèrent souvent les dégâts aux cultures comme synonymes de perte de rendement. Or les dégâts aux cultures désignent les dégâts ou dommages aux plantes, mais ces dégâts n’entraînent pas forcément la perte de rendement. Les dégâts que les nuisibles infligent aux cultures peuvent être directs ou indirects.

• Dégâts directs : dégâts aux parties de la plante qui sont récoltées pour la consommation et/ou la vente (par exemple feuilles des légumes-feuilles), causant des pertes de rendement

• Dégâts indirects : dégâts aux parties de la plante qui ne sont pas consommables ou commercialisables (par exemple feuilles des légumes-racines). L’effet des dégâts indirects sur la perte de rendement est imprévisible et souvent moins grave que celui des dégâts directs. Selon le type et l’âge de la culture et le moment où le nuisible attaque, une plante qui a perdu des feuilles peut en fait récupérer en produisant de nouvelles feuilles ou des feuilles de remplacement.

2.1.          Perte de rendement

La perte de rendement est la perte partielle ou totale de parties consommables ou commercialisables des plantes cultivées. Cette perte peut se traduire en termes de quantité ou de qualité. Pour les cultures, il est plus facile de repérer et d’évaluer les pertes quantitatives que les pertes qualitatives. Les pertes qualitatives sont dues à une réduction de la valeur nutritive ou de la valeur commerciale du produit. Ces pertes sont souvent négligées dans des conditions socioéconomiques pauvres : elles sont cependant très importantes dans le commerce des fruits et légumes. Divers facteurs qualitatifs peuvent inciter les négociants à rejeter un produit, particulièrement sur les marchés internationaux :

Ø  Fruits talés

Ø  Feuilles déformées et décolorées

Ø  Racines de stockage endommagées

Ø  Apparition d’organismes vivants ou morts (par exemple insectes, acariens)

Ø  Apparition d’organismes de quarantaine

Ø  Résidus de pesticides.

2.2.          Abondance de nuisibles et perte de rendement

Des dégâts importants provoqués par les nuisibles peuvent souvent entraîner des pertes totales de rendement au cours de la période entre la plantation et la récolte. L’abondance de nuisibles et l’importance des dégâts aux cultures ne sont cependant pas forcément toujours un indicateur de l’importance des pertes de rendement à prévoir : il faut donc se garder des mauvaises décisions de gestion des nuisibles. Pour certains nuisibles (par exemple les nuisibles des feuilles des légumes-feuilles), une infestation plus importante entraîne des pertes plus élevées. Dans d’autres cas (par exemple pour les insectes vecteurs de maladies des plantes), même les infestations légères peuvent causer des pertes de rendement élevées. Pour certains autres types de nuisibles, bien que des infestations importantes de nuisibles puissent causer une défoliation alarmante des plantes, elles n’entraînent pas nécessairement des pertes élevées de rendement. Le rapport entre l’abondance de nuisibles et la perte de rendement est complexe et dépend de beaucoup de facteurs, notamment :

Ø  Moment de l’attaque du nuisible

Ø  Age et stade de développement de la plante au moment de l’attaque

Ø  Stade de développement des organismes nuisibles

Ø  Conditions de croissance/agronomie de la culture

Ø  Durée de l’infestation par le nuisible, la maladie et les mauvaises herbes.

III.            Seuil économique

Il y a généralement un seuil d’infestation par les nuisibles ou de dégâts aux cultures qui constitue le niveau maximum tolérable, car l’expérience montre que des dégâts supplémentaires entraîneraient des pertes de rendement significatives. Les dégâts sont généralement acceptables en dessous de ce seuil, car l’expérience montre aussi qu’en dessous de ce seuil, les plantes peuvent supporter certains dégâts, et que les dégâts observés ne causeront pas de pertes de rendement économiques. La lutte contre les nuisibles n’est pas nécessaire lorsque l’infestation ou les dégâts à la culture sont en dessous du seuil où ils causeront des dégâts économiques. En d’autres termes, un certain niveau de dégâts à la culture par les nuisibles n’empêche pas d’obtenir des rendements élevés. Les producteurs doivent donc établir le niveau tolérable de densité de nuisibles ou de dégâts aux cultures pour les guider dans leurs décisions de gestion des nuisibles.

Le terme « seuil économique » est employé pour désigner le niveau de population de nuisibles ou de dégâts en dessous duquel les mesures de lutte sont inutiles. Le seuil économique est aussi parfois appelé seuil d’action puisqu’il représente le point à partir duquel des actions ou mesures sont enclenchées. Le seuil économique ou d’action est extrêmement dynamique et flexible ; en voici quelques caractéristiques :

Ø  Il s’applique à l’utilisation des pesticides pour faire baisser la population des nuisibles afin qu’elle passe d’un niveau élevé à un niveau bas.

Ø  Il ne s’applique pas à l’utilisation d’ennemis naturels qui empêchent la population des nuisibles d’atteindre des niveaux élevés.

Ø  Il ne s’applique pas aux pratiques agricoles qui contribuent à empêcher les infestations de nuisibles d’atteindre des niveaux dangereux.

Ø  Il varie d’un nuisible à l’autre : il est élevé pour les nuisibles qui causent des dégâts indirects, mais faible pour ceux qui causent des dégâts directs.

Ø  Il varie d’un producteur à l’autre, même dans le même environnement et pour la même variété de culture, et dépend des normes du consommateur. Les producteurs adoptent des mesures plus rigoureuses de gestion des nuisibles s’ils ont pour objectif de vendre leurs produits dans les marchés des sociétés à revenus élevés. La contamination du produit par des fragments et des déjections de nuisibles peut également pousser les producteurs à prendre des mesures rigoureuses de gestion des nuisibles. Ces conditions se traduiront par des seuils économiques bas pour les nuisibles. D’autre part, des seuils économiques plus élevés seront appliqués si les producteurs visent à vendre leurs produits dans des marchés où dominent les sociétés à faibles revenus. Les clients à faible revenu représentent souvent des débouchés pour les marchandises endommagées, alors que les mêmes produits de qualité inférieure seraient rejetés par des personnes à revenus élevés avec des exigences de consommation plus élevées. Généralement donc, les seuils économiques diminuent à mesure que la valeur des cultures augmente ; et les seuils économiques sont souvent élevés pour les producteurs du secteur vivrier et bas pour les producteurs commerciaux.

Ø  Il varie d’un endroit à l’autre, puisque les conditions agroécologiques qui affectent les populations varient selon les endroits.

Ø  Il varie d’une saison à l’autre, puisque les conditions de température, de précipitations et d’humidité qui affectent les populations varient selon les saisons.

La détermination du seuil économique est donc complexe et difficile et on laissera souvent aux chercheurs le soin d’effectuer les investigations requises. Les producteurs comptent généralement sur l’expérience d’infestations antérieures, et non sur des seuils économiques, pour décider s’il faut traiter ou non les infestations qui se présentent. Les agents de vulgarisation doivent être prudents lorsqu’ils présentent aux producteurs le concept de seuil économique.

       IV.            Surveillance de l'état phytosanitaire

 Il a déjà été mentionné que le producteur doit avoir des connaissances spéciales sur l'aspect phytosanitaire de la production. Il faut qu'il soit en mesure de recenser régulièrement les ravageurs et les auxiliaires présents dans son jardin. Un des points essentiels de l'instruction du producteur est par conséquent la reconnaissance des espèces de ces différents organismes. Avec les instructions qui lui sont fournies par les services techniques, le producteur est ainsi en mesure de déterminer les moments les plus opportuns pour les traitements.

Dans le cadre du contenu du cahier des charges du producteur, cela signifie que l'état sanitaire de la culture puisse être connu en toute circonstance :

ü  par des observations périodiques des cultures et par le choix des méthodes et mesures de lutte antiparasitaire selon les méthodes de lutte intégrée publiées ou selon les adaptations régionales ou nationales de ces méthodes.

ü  par l'enregistrement succinct des résultats des contrôles périodiques des actions de lutte, en particulier de toute application d'insecticides, de fongicides, d'herbicides et d'autres préparations.

4.1.          Méthode de surveillance

Ces normes sont utilisables dans des parcelles de 1 à 5 ha et plus. Les contrôles sont effectués aux moments les plus critiques du développement des plantes et des ravageurs; ces moments sont en général successivement l'hiver, l'époque préflorale et postflorale. En cas de développements imprévus, des recensements supplémentaires doivent être effectués.

4.1.1.     Le contrôle visuel

Il consiste en un dénombrement périodique des ravageurs, ou de leur dégât, ainsi que des auxiliaires actifs dans la culture. On examine un certain nombre d'organes représentatifs de l'arbre (bourgeons, inflorescences, bouquets fruitiers, feuilles, fruits, pousses, etc.). Le contrôle doit porter sur l00 à 300 organes (voire 1000 fruits pour N=contrôle des nouvelles pénétrations de carpocapse), choisis au hasard sur 10 à 50 arbres par parcelle (2-20 organes par arbre). Les données ainsi récoltées, enregistrées sur une fiche appropriée pennettant d'obtenir le pourcentage d'infestation" (nombre de ravageurs ou de dégâts observés sur 100 organes) auquel se réfèrent les seuils de tolérance indicatifs proposés. L'importance de ces dénombrements sera chaque fois adaptée et limitée aux ravageurs qui présentent un danger réel, propre à la saison et à la culture considérée. Ils doivent donc être basés sur une bonne connaissance des ravageurs et du verger. Le contrôle des arbres de référence doit parfois être complété par une visite systématique de la culture.

Le frappage

Il permet d'obtenir un échantillonnage représentatif de la faune des "ravageurs" et surtout, des "auxiliaires" et des "arthropodes indifférents" présents sur les arbres d'une culture.

A l'aide d'un entonnoir muni d'un bocal et d'un bâton ad hoc, on frappe un certain nombre de petites branches (3 x 33 (34) ou 2 x 50 branches) sur des arbres différents et on obtient ainsi un échantillon provenant de l00 branches. Les captures, examinées pour identification et dénombrement, donnent d'utiles informations qui complètent avantageusement celles provenant du contrôle visuel, surtout en ce qui concerne les auxiliaires. 

           V.            Échantillonnage et procédures d’échantillonnage

L’échantillonnage est nécessaire pour déterminer quand, où et comment un problème de ravageurs ou de maladie peut être traité ainsi que pour éviter les attaques hors saison ou pour remédier aux problèmes qui ne sont pas correctement éradiqués par les cycles réguliers de contrôle préventif.

L'échantillonnage permet de garder un oeil sur chaque étape de l’opération afin de détecter les problèmes à l’avance ainsi que d’évaluer l’efficacité des traitements appliqués lors des cycles réguliers. Les procédures d’échantillonnage concernant un problème spécifique servent de guide pour professionnels prennent des décisions quant aux doses, aux produits, à l’endroit et à la date du traitement.

Méthode d’échantillonnage

Echantillonnage: Opération consistant à identifier un sous-groupe d’individus dans une population afin d’y recueillir des données statistiques

Echantillon: groupe d’individus qui a été sélectionné

• Qualité primordiale d’un échantillon est d’être représentatif de la population

 • Un échantillon non représentatif fournit des données et paramètres biaisés

 

5.1.            ÉCHANTILLONNAGE DES MAUVAISES HERBES

 L’objectif de cet échantillonnage est d’identifier les zones où poussent des mauvaises herbes afin de décider du type de traitement à appliquer pour résoudre le problème en question, sur la base de l’identification de chaque type de mauvaise herbe, de leur stade de croissance et du degré d’infestation.

5.1.1.      Méthode

Une inspection sur le terrain est réalisée à pied,  ou à moto afin d’évaluer visuellement l’état des mauvaises herbes en inspectant la surface plantée ainsi que les drains, les bords de route et les bordures

5.2.            ÉCHANTILLONNAGE EN VUE DE DÉCELER LES RAVAGEURS ET MALADIES DANS LA PLANTATION

 L’objectif de cet échantillonnage est de détecter et de traiter toute maladie ou tout problème d’insecte affectant le plant à un stade très précoce d’infection pour l’empêcher de devenir endémique et d’engendrer un problème de production. La procédure d'échantillonnage comprend :

5.2.1.      Méthode

L’échantillonnage relatif aux ravageurs et maladies se fait sur l’ensemble de la surface plantée et la méthode utilisée varie en fonction de l’âge de la culture,

5.2.2.      Paramètres d’évaluation

Les paramètres d’évaluation et l’échelle de gravité sont établis pour chaque région, zone ou exploitation en fonction des problèmes rencontrés et doivent être bien connus.

5.3.            SITES D’ÉCHANTILLONNAGE

L’échantillonnage visant à identifier les ravageurs et maladies se fait sur un minimum de 25 plants par hectare, répartis sur quatre plates-bandes. Pour déterminer les sites d’échantillonnage, mesurer 15 pas à partir du centre de la limite supérieure du bloc et marquer le premier plant. À partir de là, mesurer 30 pas en ligne droite et ainsi de suite jusqu’à la limite inférieure de la plate-bande.

5.3.1.      ÉCHANTILLONNAGE POUR LES RAVAGEURS ET MALADIES SUR LE FEUILLAGE

Cet échantillonnage vise uniquement les ravageurs et maladies présents sur les feuilles. Pour débuter l’étude, sélectionner 10 plants successifs en commençant par le premier plant du site d’échantillonnage et retirer la plus jeune feuille de chaque plant. Collecter toutes les feuilles et les analyser pour déterminer et identifier tout symptôme d’attaque par Phytophthora, Erwinia, Thecla, Naphaea et des borers, ou des symptômes de plants brûlés et perdus.

5.3.2.      ÉCHANTILLONNAGE POUR LES RAVAGEURS ET MALADIES SUR LES RACINES

 Les plants n° 1 et 10 de chaque site d’échantillonnage sont retirés délicatement à l’aide d’une pelle ou d’un long couteau pour examiner en détail le système racinaire et l’état du sol. Ensuite, identifier la présence de ravageurs ou de maladies, ou de dégâts causés par ces derniers, et les évaluer en fonction du niveau d’infection et d’infestation. Après cela, replanter les plants sur le site. Cette opération vise à déterminer les problèmes causés par les symphyles, les escargots, les cochenilles, les vers blancs et les rongeurs ainsi que l’état général du système racinaire.

5.3.3.      ÉCHANTILLONNAGE EN VUE DE DÉCELER LES COCHENILLES SUR LE FEUILLAGE

Pour échantillonner la plantation à la recherche de cochenilles, sélectionner les plants n° 1 et 10 de chaque site d’échantillonnage et retirer deux feuilles du milieu du plant ; examiner la base de chaque feuille pour détecter la présence de cochenilles. Placer les feuilles à l’envers sur les plants pour indiquer l’endroit de l’échantillonnage.

5.3.4.      CONTRÔLES SUPPLÉMENTAIRES

 La présence de tous les autres ravageurs et maladies est également vérifiée sur les plants échantillonnés et dans leurs alentours à la recherche de cochenilles, en prenant note du nombre de plants affectés. Sur la base de l’analyse de cet échantillon, il y a lieu de prévoir les contrôles nécessaires et de prendre des mesures.


Ci-dessous, les documents du cours à télécharger 

A. Généralités sur la protection intégrée10111990A

Sa nou ka bezwen

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